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Ça va être exceptionnellement très long, car ce livre m'a tellement agacé que j'ai pris des notes.

Bon déjà, ce bouquin n'a aucune qualité littéraire, mais admettons, c'est du développement personnel après tout. Quoi que, c'est un peu embêtant car j'ai beau être peu exigent sur le niveau littéraire de ce que je lis, le minimum syndical, quel que soit le niveau de langage, me semble être une écriture qui donne envie de tourner la page et pas de refermer le livre. Je précise aussi que je ne me suis pas renseigné sur les accords toltèques avant de lire ce qu'en dit Miguel Ruiz, et honnêtement si j'avais eu au moins l'intitulé des quatre accords, ça m'aurait amplement suffi et ça m'aurait évité de lire une argumentation que je trouve bancale.

Après une courte introduction nous expliquant d'où vient ses théories (en gros une ancienne civilisation qui a tellement trouvé les clés du bonheur qu'elle n'existe plus et surtout rien n'est sourcé, ce serait trop idiot d'inciter son lecteur à se renseigner), l'auteur entre dans le vif du sujet. Et autant quand j'ai lu un essai de Freud ou de Nietzsche sans être forcément d'accord avec tout ce qui était dit je trouvais ça construit de façon plutôt logique, autant là c'est vraiment de l'arnaque bas de gamme à mes yeux. Bon après je ne suis pas naïf, je me doutais bien que ce ne serait pas une lecture du même niveau, mais quand même ! Si ça aide des gens tant mieux, mais je n'ai jamais eu autant envie de contre-argumenter face à une thèse qui relève plus du bon sens élémentaire que d'une solution miracle pour être heureux dans la vie.

Voici donc un florilège de remarques et de questions que j'ai pu me poser à la lecture de ce truc pour chacun des quatre accords (et puis le fait que je les mentionne vous évitera peut-être d'avoir à tout lire car c'est amplement suffisant vu les arguments qu'il y a derrière) :
- Notre parole doit être impeccable : Apparemment on se fait mal à nous-même lorsqu'on insulte quelqu'un, quoi de plus auto-centré que ça ? L'idée du bouquin c'est de s'améliorer en ne prenant jamais les autres en considération (enfin si mais pas trop). Je suis d'accord avec le fait qu'on a tendance à se voir à travers le prisme du regard des autres et que cela nous préoccupe trop, mais je ne suis pas sûr que l'opposé le plus radical possible soit une bonne chose. L'auteur prend même l'exemple d'une gamine insupportable avec sa mère qui fait du bruit en sautant partout chez elle après une journée de travail, comme quoi le problème c'est la mère qui va l'engueuler, et pas la fillette. Cela mènerait la petite à devenir timide à l'école et réprimer ses émotions pour être acceptée. Comment pourrait-on être d'accord avec ça ? Il est pourtant possible de dire à sa fille d'arrêter de faire du bruit en étant ferme et sans pour autant la mener à un renfermement sur elle-même. Oui l'humain se conditionne avec un système de récompenses et de punitions, mais que propose réellement l'auteur pour y mettre fin, à part se préoccuper de soi uniquement et bien réfléchir avant de l'ouvrir ? Peut-on grandir sans aucune communication blessante, sans souffrir ne serait-ce qu'un peu ? Je crains que non. Est-ce négatif d'exprimer de la souffrance ou de la colère dans absolument tous les cas ? Je ne pense pas non plus. La solution à tout cela serait d'après lui la vérité, or la vérité vient difficilement de nous et uniquement nous, donc je ne vois pas comment on peut suivre ce type dans son raisonnement. Si on ne se confronte jamais à l'opinion d'autrui, comment avance-t-on ? S'embarasse-t'il seulement à définir la vérité cet auteur, ou comment y accéder ? Non, surtout pas, faut pas déconner non plus...

• Quoi qu'il arrive, n'en faites pas une affaire personnelle : Pour ne pas se sentir atteint par une insulte, il suffit de ne pas la prendre pour soi. Non mais là ça relève du génie de faire vendre des truismes pareils dans des librairies... Du coup, ne prenez jamais en compte ce qu'on pourrait dire en mal de vous, on sait jamais, ça vous pousserait à la remise en question et c'est vraiment pas bien. D'ailleurs il nous est recommandé d'écrire cet accord sur un papier qu'on collera sur notre frigo (bien rempli évidemment). Vous n'êtes jamais responsable des actions d'autrui, seulement de vous-même, mais si vous êtes une mère de famille qui n'a pas une parole impeccable et dit à sa fille d'arrêter de chanter avec un "Ta voix est horrible", vous lui avez envoyé du poison émotionnel et elle va devenir timide.




• Ne faites pas de suppositions : Après deux chapitres à nous dire que les autres sont des prédateurs qui veulent nous empoisonner, maintenant il ne faut surtout pas leur faire de procès d'intention. Heureusement qu'il n'y a que quatre accords car j'ai l'impression qu'à chaque fois que l'auteur en explique un, il contredit le précédent (ou contredit directement l'accord en question d'ailleurs).




• Faites toujours de votre mieux : Encore une fois on recentre tout sur soi, si ça va pas, c'est de notre faute. L'auteur évoque Forrest Gump dans cette partie, ça permettra au pékin moyen qui lit ça de penser qu'il est aussi cultivé que l'auteur en pigeant la référence. Et c'est vraiment perturbant qu'un livre de développement personnel n'encourage jamais son lecteur à se surpasser franchement au quotidien, tout est articulé autour d'un systèmes d'accords qu'on va rompre ou non, pour éviter d'utiliser les termes "travailler" ou "s'entraîner".

Son argumentation est souvent basée sur des phrases irréfutables, c'est-à-dire qu'on te balance un "Tu as tort de penser ça parce que". C'est magique comme procédé, en fait. Tu as une opinion sur un sujet ? Ferme-la, t'as été domestiqué depuis que t'es petit pour penser d'une certaine manière et pas d'une autre. On te reproche quelque chose ? L'autre est un prédateur ! Mais si ce qu'il te dit te fait mal, ça n'a aucune valeur, et tu ne peux t'en prendre qu'à toi-même. Si tu veux accéder à la vérité, pose des questions. Et fais de ton mieux, travaille pour le plaisir, n'attends pas ta paye ! Les deux ne sont pourtant pas incompatibles et je pense honnêtement que si beaucoup pouvaient ne pas travailler et gagner de l'argent même si leur boulot leur plait, ils saisiraient cette opportunité sans regret...

C'est vachement pratique ce genre de phrases toutes faites, ça évite de s'exposer à tout contre-argument et donc à s'approcher de la vérité... Pour embellir le tout on parle de rêve, d'enfer, de Dieu, de poison et d'autres termes qui donnent un petit côté ésotérique/religieux à un livre qui dit juste à son lecteur d'être gentil et de ne pas prendre mal les agressions verbales des autres...

En bref je n'ai rien contre les accords toltèques en eux-mêmes, si j'ai choisi de lire ce livre c'est que le sujet m'intéressait. Le problème c'est que le concept est développé par un opportuniste qui n'a aucun talent d'écriture et ne sait pas argumenter.