"Quand on ose être soi-même, on se porte beaucoup mieux."

Préambule

Que deviennent ceux qui abandonnent toute perspective d’abonnissement ? Les afflictions répétées anéantissent l'amour propre et sans ce dernier, nous stagnons ; la routine est certes réconfortante mais exacerbée : elle mène à un esprit d'abstention. Alors on ne prend plus de risque ou on part, ipso facto, défaitiste. Et c'est ainsi qu'on déchoit de notre statut d'acteur, rétrogradé au rôle de spectateur au sein des pages d'une Histoire qui ne se présente plus comme la "nôtre".

Certains, pour faire face se tournent vers le rituel néo-théiste qui consiste à creuser l’enfonçure de son sofa devant le plus populaire des Dieux actuels : l’écran rétroéclairé.
D’autres comme moi essayeront peut-être de comprendre, au moyen exclusif de la logique dont l’usage peut au regard d'une personne spirituelle, quelquefois s’avérer trop systématique.

Oscar Wilde lui-même fut de cet avis, lui qui disait de la logique : « le dernier refuge de celui qui manque d’imagination ». En prenant ce constat personnellement, j'ignore dès lors un des accords toltèques, mais cette faiblesse affirme en quelque sorte une des thèses majeures du livre : je n'aurais pas dû prendre ce commentaire personnellement, Oscar Wilde étant décédé 96 ans avant ma naissance. Il ne peut pas s'être adressé à moi, et la seule raison qui me fasse ressentir le contraire naît d'une peur propre, celle d'un jour manquer de ce qu'il estime tant: l'imagination.

Il était important pour moi de faire tabula rasa de mes convictions personnelles qui lorgnent naturellement vers un fatalisme rationnel des plus pragmatiques. Et j'ai rétroactivement compris qu'en m'y exécutant, j'avais indirectement appliqué (cette fois-ci avec succès) l'accord toltèque disposant du préjugé : "Ne faites aucune supposition".

En voilà de bonnes bases pour aborder ma première dans le domaine du développement personnel.

Cohérent avec lui-même

Il peut être facile d'être écoeuré par un lexique trop mielleux mais force est de reconnaître que l'auteur fait preuve d'une limpidité exemplaire lorsqu'il s'étend et expose sa doctrine. La cohérence et la simplicité (parfois à la limite du sophisme) en font une parole accessible au plus grand nombre ; pour ce qui est de la sagesse qui en découle, elle est irrécusable mais peut-être également trop évidente..?

La sagesse, même sommaire n'est jamais trop évidente, en tout cas. Ce sont généralement les principes les plus simples qu'on considère acquis et dont on omet le plus souvent la pratique quotidienne. Les Quatre accords toltèques constituent une piqûre de rappel essentielle qui, d'une façon ou d'une autre vous affectera, même si vous n'agréez pas à la majeure composante du texte !

La doctrine de Ruiz porte essentiellement sur le rapport à soi. Le shamanisme qu'il présente se voit totalement cohérent et en rapport direct avec les principes philosophiques qu'elle tend à établir (relativisation du soi, le poids des conséquences, permanence du langage). Cette cohésion produit un livre très intéressant dans le cadre d'une envie, si pas un besoin, d'introspection, car il replace le "soi" dans une perspective pratique, quand bien même cette pratique (encore une fois) serait difficile voire impossible à pratiquer.

Ce qui importe, c'est essayer.

Kant à l'impératif catégorique

La pensée de Miguel Ruiz semble beaucoup se reposer sur ce que nous connaissons en Occident, grâce aux travaux d'Emmanuel Kant, et qui se présente comme l'impératif catégorique. "Agis selon les maximes d'un membre qui légifère universellement en vue d'un règne des fins simplement possible."

Autrement dit, quand tu agis, légifère à ton action une portée universelle et non plus isolée. Prête à tes actions et à la magie de ton verbe le pouvoir du fameux effet papillon, de cette simple intention naîtra la nuance et une profonde bienveillance envers toi-même et autrui.

Les quatre accords, selon le contrat que j'établirai avec cet illustre peuple :

• Faire de notre mieux, sans oublier de définir ce que peut être notre mieux.


• Éviter les suppositions, sans jamais omettre les théories.


• Ne rien prendre personnellement, sans jamais omettre la mise en place de la meilleure défense pour nous en préserver.


• Que votre parole soit impeccable, porter une importance cruciale au choix des mots afin d'utiliser un lexique qui correspond parfaitement à la pensée qu'on veut vocaliser.

La nuance, maître mot d'un monde où il n'est plus le maître légitime de nos pensées.

Conclusion

On ne réinvente rien mais on interprète simplement et ce n'est pas plus mal. Les quatre accords toltèques se présentent comme des règles de conduite d'apparence simple qui rappellent celle des philosophes matérialistes grecs et romains.

Le premier accord est sans doute le plus applicable, et les trois autres se présentent comme fondamentalement inaccessibles mais vers lesquels on peut choisir de tendre.

Faire de son mieux, agir en son âme et conscience sans jamais trahir ses valeurs. Voici la recette idéale pour un monde utopique, le fort encrage en soi dont on a besoin pour être capable de réinventer le monde, mais en attendant, essayons de nous réinventer nous-mêmes.