Retour de lecture sur "Les refuges" de Jérôme Loubry, un thriller psychologique publié en 2019. C'est un retour très tardif, sur une lecture qui date de plus d'un an. Celui-ci, qui est franchement négatif, s'adresse exclusivement à ceux qui l'ont déjà lu ou qui ont déjà décidé de ne pas le lire, je dévoile certains aspects qui enlèvent l'intérêt de ce roman. C'est en fait la lecture de "Shutter Island" de Dennis Lehane qui m'a poussé finalement à écrire un retour, tellement la source d'inspiration me semble évidente. Cela raconte l'histoire de Sandrine, qui est chargée de vider la maison de sa grand-mère qui vivait seule sur une île près de la côte normande. Arrivée sur place elle découvre qu'elle vivait en autarcie avec un petite communauté très étrange qui semble cacher un secret. Autant j'ai aimé le roman de Lehanne, autant je n'avais pas aimé celui de Loubry. Sur une thématique similaire la différence de maîtrise et de cohérence me semble flagrante, on n'est vraiment pas sur les mêmes niveaux. Avec "Les refuges" cela démarre pourtant plutôt bien, malgré une écriture très basique, l'auteur arrive à créer une ambiance mystérieuse et à nous entraîner dans son histoire de plus en plus étrange. Dans la première partie, où l'auteur nous dresse le décor, nous explique le contexte, tout fonctionne plutôt bien, on se laisse progressivement happé par cette histoire et on a envie d'en savoir plus. On bascule ensuite dans quelque-chose de beaucoup moins cohérent, de plus en plus abracadabrant, cela part un peu dans toutes les directions avec le désagréable sentiment d'être mené en bateau. On lit cela en ne comprenant pas grand chose et en espérant néanmoins que tout trouvera un sens, une logique, par la suite, même si cela semble de moins en moins possible. [masquer]Eh bien, non, il n'y a pas d'explication à tout cela ou bien si, l'héroïne a juste tout inventé, elle s'est réfugiée dans un univers psychique parallèle et a tout imaginé. L'explication est là. Le procédé me semble dans ce cas peu crédible, et surtout très facile puisque rien n'est vraiment à expliquer, tout étant inventé, justifiant ainsi toutes les extravagances du scénario. C'est toute la différence avec un livre parfaitement maîtrisé comme celui de Lehanne, dans lequel rétrospectivement, tout s'explique, le contexte est beaucoup plus solide et tout a un but dans le récit. [/masquer] Au final c'est un livre qui pour moi présente beaucoup trop de limites, un style très basique, sans émotion, et globalement une facilité et un manque de maîtrise flagrants. J'avais pour ce livre une certaine indulgence pour l'originalité de l'histoire après la lecture, mais maintenant que j'ai lu "Shutter Island" je me rends compte que même celle-ci n'était pas forcément justifiée.
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"C’est exact. C’est ce que j’appelle un refuge : une mémoire parallèle qui se substitue à la réalité afin que la victime cesse de souffrir, une illusion projetée par le cerveau pour que son propriétaire survive, tout comme le bouclier neurologique dont je vous ai parlé. En gros, un endroit où se cacher, comme la couverture sous laquelle nous nous sommes tous réfugiés enfants pour fuir des monstres réels ou imaginaires."