Les souffrances du lecteur solitaire
Laborieux et même assez agaçant : voici comment l'on pourrait qualifier, en substance, ce qui n'est au final qu'un journal intime un peu sophistiqué couvrant la fin de la vie de Rousseau. Ses rêveries prennent ici plusieurs formes : souvenirs, réflexions philosophiques, moments contemplatifs... Et beaucoup, beaucoup d'introspection, qui confine d'ailleurs souvent au narcissisme le plus éhonté. Et c'est bien là le problème : il est des livres très personnels qui parviennent pourtant sans difficulté à porter un message universel. Je n'ai pour ma part ressenti que très peu d'universalité dans les propos de Rousseau ; l'auteur semble à cette époque si enfermé dans sa solitude qu'en tant que lecteur, je me suis senti systématiquement exclu. On en vient alors à se demander si la publication de cette oeuvre avait une quelconque utilité. Pour ma part, je n'en mettrais pas ma main à couper. Et pour ne rien arranger, Rousseau, apparemment persécuté par la société à cette période de sa vie, se la joue Calimero parano. Entre deux anecdotes sans intérêt, il se plaint, s'apitoie sur son sort, pleurniche comme un gamin capricieux ; il se croit en paix, détaché de ses ennemis, mais son attitude dit tout le contraire.
Allez, soulignons tout de même que les cinquième et sixième promenades surnagent au milieu de tout cela, et qu'elles sont même suffisamment réussies pour relever le niveau de cet ouvrage qui, sans elles, s'avèrerait franchement ennuyeux de bout en bout... A éviter.