Les Robots de l'Aube est le cinquième tome du cycle des Robots, d'Isaac Asimov. Il fait suite à Face aux Feux du Soleil, mais comme chaque tome de la série est lisible indépendamment des autres.


En bref : L'inspecteur Baley, Terrien expert en résolution d'enquêtes étranges concernant les Spaciens va reprendre du service. Il aurait bien voulu rester sur Terre et pousser son peuple à sortir enfin de leur enfermement millénaire pour aller coloniser l'espace, mais on a une fois de plus besoin de lui pour résoudre un meurtre. Enfin... le "meurtre" d'un robot. Le plus évolué ayant jamais été créé, le plus humain aussi. Le principal suspect est une vielle connaissance de Baley, le Dr Fastolfe, éminent scientifique et l'un des rares Spaciens n'ayant pas envie d'éradiquer les terriens. Baley refait donc équipe une fois de plus avec Daneel son acolyte robot - et ami. Sur Aurora, le plus évolué des mondes spaciens Baley va devoir prouver l'innocence d'un allié, sauver la Terre une fois de plus de la menace spatienne... et retrouver Gladia, la séduisante jeune femme qu'il avait sauvé lors de sa précédente enquête.


J'ai beaucoup aimé ce nouveau tome du cycle des robots qui reprend peu après les événements du précédents. Niveau histoire, on voit que - lentement - la Terre et Baley lui-même sortent petit à petit du carcan confortable auquel ils étaient habitués. Ils évoluent doucement vers une plus grande ouverture d'esprit en même temps que vers les portes de l'univers.


La colonisation spatiale est un thème récurrent chez Asimov. L'espèce humaine doit progresser si elle veut survivre, s'étendre. S'enfermer sous terre et bouder est une condamnation à long terme. A l'opposé, les Spaciens hyper-avancés technologiquement représentent une décadence induite par la vie facile garantie par les robots. Tout est une histoire d'équilibre, et dans ce tome plus que dans les autres, Asimov souligne les évolutions des deux camps tentant de tirer le meilleur parti de l'autre.


Les enjeux sont similaire aux précédents volumes : une enquête pour meurtre, mêlée à des robots. Pourtant on se prend au jeu, car l'auteur renouvelle subtilement les enjeux à chaque fois, et ce, de façon cohérente avec son univers. La Terre d'Asimov va émerger bientôt de sa chrysalide de peurs et ses habitants vont se lancer à l'aventure. Mais pour cela ils auront besoin d'aide, et si les plus grands partisans de la Terre sont dépouillé de tout pouvoir les choses ne vont jamais évoluer. Pire, si des Spaciens suprématistes venaient à hériter du pouvoir, ils pourraient bien de se décider à éliminer ces "barbares primitifs" terriens...


C'est un tome particulièrement osé qu'a écrit Asimov. Si on retrouve ses sujets fétiches : les robots et beaucoup de sociologie, il y a quand même un grand changement. A savoir, des histoires d'amours (parfois unilatérales). Chez Asimov, c'est assez rare pour être soulignés, d'autant que les premiers concernés appartiennent ici à d'autres mondes... voir à d'autres espèces. Bon, attention, je n'ai pas dit que c'était un livre de romance, mais... IL PARLE DE MASTURBATION AVEC UN ROBOT QUAND MÊME.
Pardon, il fallait que ça sorte ! Sans doute pour démentir ses détracteurs sur son ton trop froid et clinique, Asimov s'est lâché ici et nous livre quelques conversations entre personnages sur le sexe et ses pratiques dans sa société futuriste. C'est franchement bizarre avec son approche, et gênant pour les personnages, mais une chose est sûre, ça change.


Autre point positif, j'ai bien aimé le recul avec lequel Asimov aborde la relation entre Baley et Gladia. A peine plus que suggérée dans le précédent tome, elle a pourtant créée toute une histoire, devenant une épopée romantique célèbre contre laquelle les personnages doivent lutter. Les anciennes barrières entre eux sont toujours aussi forte, et s'ils ont mûris tous les deux ils vont devoir le prouver s'ils veulent aboutir à quelque chose...


Au final j'ai malgré tout deux reproches à faire à ce tome, un sur le fond et l'autre sur la forme.
Concernant le livre je l'ai trouvé un peu trop long. Il aborde certes de nombreux sujets complexes, mais Asimov tend à trop expliquer à mon goût. D'habitude j'ai horreur qu'on me laisse dans le flou, mais là j'ai eu l'impression d'avoir son regard (amical) derrière mon épaule à chaque instant pour s'assurer que je suivais les explications. Oui. Ca va aller. Merci bien !


Ensuite, concernant la fin, elle est bien écrite, soit, mais disons que la réalisation de la dernière page, bien que prévisible, m'a beaucoup perturbé. Explication avec spoilers ci-dessous :


On comprend à la fin que le robot Giskard, disposant par hasard de la possibilité de lire les émotions des gens et les modifier est le vrai "héros" au sens traditionnel du terme. C'est lui qui "fait" l'action, via l'intermédiaire des humains qu'il "aide". D'accord ils sont ménagés, on nous explique que naturellement ils avaient tendance à faire ceci ou cela par eux-même... mais finalement ce sont des pantins. Outch :'(


Qu'a cela ne tienne, je découvre malgré tout avec plaisir les tomes que j'avais manqué dans la (très) grande fresque de romans d'Asimov. Bâtir un univers aussi vaste que cohérent, sur autant de générations, ça en impose !


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Cluric
8
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le 14 avr. 2017

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Cluric

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