Je suis peu habitué à la lecture des polars, donc peut-être que mon enthousiasme sera un peu exagéré pour les lecteurices rompus à la lecture des récits à tiroirs...
Mais quel pied ! Franchement, je suis resté pantois devant la construction si complexe et pourtant tout à fait cohérente de l'intrigue. Ce qui est particulièrement bien vu, c'est que nous sortons du brouillard avec le narrateur, et comme lui, nous n'appréhendons que progressivement l'arborescence (clin d'oeil à l'arbre dessiné à la fin par Gold) impressionnante du récit.
La gestion du rythme est particulièrement originale, puisque l'emballement se fera au rythme des différents personnages, ce qui permettra à cette terrible journée de se déployer de façon exponentielle, et imprévisible.
On retrouve cette mécanique de la boucle temporelle dans certains films bien connus (Un jour sans fin, edge of tomorrow), mais également dans le jeu vidéo (Outer Wilds, Majora's Mask) ; d'ailleurs, ce film ferait un point'n'click génial ! Ici, le petit ajout à la recette habituelle est le changement de personnage, dont la personnalité et la vision s'ajoutent à celles du narrateur, et viennent parfois entrer en conflit avec les siennes. L'adaptation au genre de l'enquête est une excellente idée, puisque propice à l'élaboration progressive de pistes et implications diverses.
L'atmosphère me plaît beaucoup également : noblesse décadente du début du 20ème, manoir victorien, moments qui frisent avec l'épouvante gothique, tout cela chapeauté d'une météo bien anglaise.
Pour couronner le tout, le message délivré sur l'incarcération et la rédemption est plutôt bien amené, et n'est pas superflu : c'est le coeur même du récit.
Mon petit bémol serait la fin un peu mièvre et mélo peut être... et le Médecin de Peste, qui perd un peu de sa superbe. J'aurais aimé que subsiste un peu plus de mystère encore sur cette curieuse "organisation".