Ogliano est un petit village du Sud, entre soleil et montagne. Ses habitants y vivent à l’ombre de la Villa Rose, propriété du baron Delezio. Justement, celui-ci a décidé de fêter la fin des études de son fils, Raffaele et de convier tout le village pour cet évènement. Parmi les convives se trouve le jeune Libero. Mais un drame survient lors de cette soirée. Et le lendemain Libero est entraîné sur les pentes de l’Argentu, la montagne qui entoure Ogliano, sur les traces de son ami d’enfance, Gianni. Une confrontation qui va changer pour toujours la vie de Libero.


Roman initiatique, ce récit happe le lecteur dès l’incipit par son style sans affèterie et par ce qu’on devine d’une intrigue qui ne nous lâchera plus jusqu’à son dénouement.


Dès les premières lignes le ton est donné : “L’été, quand vient la nuit sur le village d’Ogliano, les voix des absents sont comme des accrocs au bruissement du vivant.” Et c’est toute l’atmosphère du roman qui est posé. L’étouffement, la chaleur, la lumière écrasante qui éclaire autant qu’elle dissimule. Les vivants et le souvenir des morts qui les hantent, avec leurs secrets.


Car ce village d’Ogliano est habité par de lourds secrets sur lesquels Libero lèvera le voile petit à petit. Mais pas sans perdre quelques illusions au passage. S’il entreprend son périple en adolescent un peu rêveur et plein de projets, il en ressortira adulte, ayant fait en très peu de temps l’expérience intime de la mort, de l’amour, de la trahison, de la peur. De quoi transformer un caractère et donner un autre sens à une vie.


Elena Piacentini nous raconte ici une lutte âpre entre ceux qui possèdent tout et ceux qui n’ont presque rien, entre ceux qui détiennent le pouvoir et ceux qui subissent. Les secrets ont forgé des destins, provoquer des drames. Les mettre à jour aura un effet dévastateur mais aussi libérateur pour tous. Le roman est porté par une galerie de personnages qui jouent tous un rôle essentiel, comme autant de pièces d’un puzzle qui ne peut être compris que si chacun est à sa place.


On sent chez l’auteure la parfaite maîtrise du déroulement des événement et sa capacité à relancer une intrigue sans doute dû à sa longue pratique du polar. C’est efficace, concis, précis. Mais elle y ajoute cette touche de poésie portée par les paysages d’Ogliano et par le personnage de Raffaele, adolescent plein d’idéal qui ne se sépare jamais de son livre Antigone en qui il semble trouver une certaine force.


L’atmosphère variera ainsi au fil du roman, suivant l’état d’esprit de Libero et ce qu’il découvrira. C’est tour à tour oppressant ou lumineux, violent ou tendre, angoissant ou réconfortant. L’esprit du lecteur n’est jamais libre de vagabonder, tout à l’attention qu’éveille le roman.


On retrouvera ici un peu de l’atmosphère du livre de Laurent Gaudé, Le soleil des Scorta. Ce sont des romans qui se voient et se vivent autant qu’ils se lisent et qui font éprouver des sensations physiques au lecteur de chaleur, de lumière, de frissons.


Un très beau roman à découvrir.


Christlbouquine
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le 10 mai 2022

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