Elena Piacentini, forte de sa culture et de ses origines méditerranéennes nous raconte une histoire. Plutôt bien puisque c’est sans trainer les pieds que nous allons au bout des deux cents pages de ce pur drame du sud. Corse, Sicile ou Sardaigne, il est évident que sans le dire la romancière situe son roman dans l’insularité à consonnance italienne. Il n’est d’ailleurs pas étonnant qu’au fil de la lecture les noms de Laurent Gaudé et Jérôme Ferrari nous reviennent en mémoire, tant l’intrigue de ces « silences d’Ogliano » semblent issus de la même famille littéraire que « Le soleil des Scorta » et « Le sermon sur la chute de Rome ». Secrets, vengeance, violence dans un maquis marqué par le choc de générations, le contexte bien que volontairement intemporel ne nous est pas inconnu. D’autant plus que si l’on dépasse le mélodrame classique qui nous est proposé, on peut distinguer également l’influence de Lampedusa et son « Guépard » pour le caractère social. Mais la comparaison s’arrête là. Malgré le fait qu’il soit bien écrit, le roman d’Elena Piacentini reste très prévisible dans les situations, peu intense dans le déroulé de son action, comme si toute gravité était rapidement désamorcée pour boucler ce conte au plus tôt. La tension semble bridée nous privant d’un emballement de la fiction qui aurait eu plus de corps qu’un final à la Agatha Christie. Peu de temps nous est donné pour comprendre véritablement tous les personnages desquels nous restons souvent en surface. Preuve en est une histoire d’amour qui se veut surprenante et originale dans le contexte, mais à laquelle il manque sans doute la racine psychologique trop cruellement absente pour adhérer à une passion qui nous est servie froide.
Toutefois, même si un sentiment de « déjà lu » ou de « déjà vu » accompagne notre lecture, le style nous retient. Sans doute Elena Piacentini n’a pu laisser au vestiaire son passé d’écrivain de polars. C’est dommage.