Le roman est bref et on le sent très inspiré d'éléments autobiographiques. Le narrateur, musicien reconnu, fils d'un immigré marocain, découvre, après le décès de son père, les cassettes que celui-ci a envoyées tout au long de sa vie à son propre père, le grand-père du narrateur, resté au bled.
On découvre ainsi, bref chapitre après bref chapitre, ce que pouvait être la vie d'ouvriers déracinés, leur pesante solitude affective mais aussi les amitiés et solidarités, la difficulté d'en sortir pour de jeunes adultes qui n'étaient pas émancipés de la tutelle paternelle ni dégagés du poids des dogmes et traditions de l'islam. La vie de ce père taiseux était totalement ignorée du narrateur.
Tout est raconté avec simplicité, honnêteté et pudeur. Mais devant la vérité ou les demi-sincérités transmises par son père, le narrateur, voudra tout comprendre et pour cela aller jusqu'au bout, quitte à prendre le risque de mettre à mal sa carrière.
Le livre se lit vite. J'ai été sensible à cette espèce de tension maîtrisée du narrateur qui s'exprime en phrases courtes, avec une apparente froideur. J'ai perçu ce roman comme un bel hommage dépassionné aux immigrés qui ont voulu et réussi à faire passer l'esprit de liberté à leurs enfants.