Le titre complet étant "Eté 1914, comment l'Europe a marché vers la guerre" vous devinerez le sujet de ce livre de 2013 écrit par un australien.
La période couverte est plus large que l'été 14 et débute avec le coup d'état Serbe de 1903 raconté comme dans un roman. C'est un immense panorama de la diplomatie européenne, de la politique étrangère et de la situation intérieur de tous les pays concernés : les Balkans et les grandes puissances aux alentours, 800 pages en poche ça ne manque pas d'exhaustivité malgré la complexité du sujet reconnu par l'auteur lui-même. L'objectif n'est pas de trouver un coupable mais d'expliquer et de comprendre même si j'en retire que la France semble être la clé du déclenchement du conflit.
C'est surtout foutrement intéressant et bien écrit. Les chapitres sur le panslavisme Serbe apportent une compréhension qui dépasse le cadre de la 1re guerre mondiale, les informations sur la double monarchie d'Autriche-Hongrie sont très instructives. Le ballet diplomatique entre capitales est brillamment illustré et ses acteurs ne sont pas oubliés : leaders et entourages subissent une pression énorme, entre les faucons et les modérés l'histoire s'est parfois jouée sur des détails. On imagine en coulisse des hommes dénoués d'émotion mais derrière cette partie d'échec continentale Clark révèle des personnalités au bord du gouffre, fortement touchées par les directions martiales choisies (à l'opposé on est frappé par l'inconséquence de certains).
Je suis toujours impressionné par la somme de travail et d'année qui doit être nécessaire pour écrire un tel essai, les 100 pages d'annexes et de source sont intimidantes. Remarquable travail d'historien mais aussi d'écrivain, avec une tension ressentis durant une bonne partie du livre et un art du récit maîtrisé (j'ai halluciné devant le déroulement de l'attentat de Sarajevo).