Non, c'est pas parce que cet ouvrage est un classique que je suis FORCÉ de l'aimer !
Lors de la lecture de l'ouvrage, il y avait deux moi :
Celui qui lisait l'ouvrage avec ses yeux d'historien de la littérature : qui savait à quel point ce roman avait été prisé à la fin du XVIIIe siècle, que les gens l'avait adoré, qu'il jouait avec le tabou du suicide, que de nombreuses personnes se demanderont très longtemps si Werther à vécu ou pas, que Napoléon adorait le livre et qu'il l'avait lu 9 fois (Goethe dira que l'Empereur en a fait une analyse des plus particulière...) et que ce fut un incontournable pour qui voulait appréhender les mouvements littéraires du XIXe siècle. Ce livre est en avance sur son temps et va être une pièce fondatrice du mouvement romantique.
Celui qui lisait l'ouvrage avec ses yeux de lecteur de XXIe siècle : entre deux romans de Game of Thrones et qui, à 34 ans, a lu et vu pas mal de trucs d'ados. Et qui pouffe en faisant la comparaison. Parce qu'au fond, Werther n'est que ça : un jeune adolescent, un adulte couillon qui découvre ses premiers émoi de puceau et qui va s'amouracher d'une jeune fille, elle aussi pas très sûre de ses sentiments entre son mari, un jeune homme un peu austère mais doux et raisonnable ou Werther, sensible et romantique (mais incroyablement relou.)
La même intrigue avec des gens du même âge, de nos jours, donnerait l'histoire d'un étudiant d'une vingtaine d'année que l'on qualifierait d'obsédé monomaniaque. Tout le monde dirait que Charlotte est trop jeune pour se marier, qu'elle ne sait pas se fixer, n'ayant quasiment rien connu des tourments amoureux, et que c'est pour cela qu'elle hésite entre Albert et Werther. Ou que Werther devrait attendre, c'est le premier chagrin d'amour... allez va, couillon, tu en connaitra d'autre, des filles.
Sauf qu'on est dans la société du XVIIIe siècle où tout le monde se marie hyper-vite, où tout le monde semble vivre dans une exagération des sentiments (qui allait donner lieu au romantisme) où les écrivains doivent tout exacerber au centuple. Du coup, j'ai du mal à me prendre de sympathie pour les personnages : Charlotte, vue par les yeux de Werther, est donc parfaite en tout (douce, sensible, intelligente, cultivée) et n'est qu'une coquille vide d'idéal parfait. Werther est le caliméro romantique, que tout dégoûte hormis Charlotte et qui pleure rien qu'en touchant sa main.
Bref, ça m'a pas passionné et Goethe semblait assez circonspect sur ce livre à la fin de sa vie (tantôt énervé qu'on lui en reparle, tantôt amusé...) Et pour le coup, la phrase la plus méchante n'est pas de moi, mais d'André Gide dans son journal : « j’achève de relire Werther non sans irritation, j’avais oublié qu’il mettait tant de temps à mourir… ».
Trop d'accord avec toi Dédé.