Net progrès qualitatif avec ce troisième volume de l'oeuvre naissante du futur commissaire San Antonio, pour l'heure agent secret parachuté en Belgique par les Anglais afin d'assister un réseau local de résistance.
Si les invraisemblances se ramassent toujours à la pelle, et si Frédéric Dard ne craint jamais d'avoir recours à un bon vieux Deus Ex Machina chaque fois que son invicible héros se trouve dans une situation un peu trop inextricable, il faut reconnaître que, une fois passées les 30 premières pages difficiles, l'intrigue de "les Souris ont la Peau Tendre" s'avère plaisante, et un tantinet moins absurde aussi que dans "Laissez tomber la Fille". L'occupant et les collaborateurs à leur solde donnent un peu plus de fil à retordre à notre héros, et Dard nous ménage un joli coup de théâtre - prévisible, mais bien amené - dans la dernière partie. De manière assez paradoxale quand même - le livre ayant été écrit guère plus de 5 ans après la fin de la guerre -, la scène de fusillade lors de la réception m'a évoqué la fin de "Inglourious Basterds"...
Quelque chose en outre de la future personnalité de San Antonio commence à émerger, avec un peu de cette flamboyance arrogante qu'on apprendra à aimer, et bien sûr cette facilité à amener les "souris" dans son pieu. On tiquera forcément sur certaines caractéristiques d'une autre époque, comme cet étonnant juron de "merde arabe" qui revient au moins deux fois, et plus grave, une gênante complaisance envers la torture, une fois qu'elle est justifiée par une "sainte colère", et pour l'exécution sommaire et sans complexe des prisonniers.
Autres temps, autres moeurs...
[Critique écrite en 2019]