Les Souvenirs par François CONSTANT
C’est sûr, David FOENKINOS a développé une écriture légère, enlevée et fait preuve d’un humour de bon aloi. Parlant de la mort que le narrateur découvre, suite à ‘l’accident de savonnette’ dont a été victime son grand père, il dira: « Et maintenant, il est mort. … C’est donc ça, la mort. Quand les mouches se posent sur nous et qu’on ne peut plus les chasser. » Plus loin, toujours sur ce sujet qui, de prime abord ne porte pas à l’humour, il écrit : « La vie de Nietzsche s’est achevée une dizaine d’année avant sa mort. » Ou encore, « La vie de Lazare est connue grâce à sa mort qu’il a ratée. » Incontestablement, il a le sens de la formule. Ses raccourcis en disent long…
FOENKINOS est agréable à lire. Et je ne boude pas le plaisir que j’y ai pris.
Son livre « Les souvenirs » (Ed. : Folio, 2014) m’a entraîné dans une réflexion sur le devenir adulte. Doit-on, pour grandir, quitter ses rêves et les transformer en projets pour en permettre la réalisation ? Faut-il devenir raisonnable et rangé au risque de ne plus vivre le présent mais la seule maîtrise de son organisation ? Un bonheur moyen peut-il recevoir le label de bonheur ? Les rencontres doivent-elles être recherchées, fabriquées ? Se créent-elles à coups de volonté ou sont-elles les fruits du hasard ? Et de tels fruits sont-ils destinés à murir et à parfumer la vie ou ne peuvent-ils que pourrir et perdre toute saveur, toute raison, tout sens ?
La mécanique de ce regard réflexif et bienveillant sur la vie, l’amour, la mort fonctionne à merveille. On suit, avec tendresse, cet auteur et son livre qui, semble-t-il, ne s’écrira que dans sa vie, jamais sur du papier.
Malheureusement, - et je le regrette -, dans le dernier quart du livre, la mécanique convenue des symétries inversées prend le pouvoir. L’enfant devient adulte tandis que les parents redeviennent enfants, les amours se tordent, se trompent et s’égarent. Les couples se font, se défont, se refondent dans des schémas tristement normaux. Les vies privées de sens reprennent leurs places, le panache de l’écriture est nettement moins flamboyant… Dommage.
Mais la question demeure. Le narrateur s’est-il enfin retrouvé ? Va-t-il écrire ?