Attention, je sais que ce second tome est adoré par les fans et que même Stephen King trouve que c'est une meilleure suite qu'au début. Sauf que j'ai vu ça comme un passage obligé de ma relecture du début de la saga de la Tour Sombre, et que le livre m'a agacé, au point que j'ai abandonné la lecture passé la 100eme page pour ne reprendre le livre que quelques mois plus tard.
Stephen King disait lui-même ne savait pas trop où il partait après la fin du Pistolero, et je pense qu'à la fin des années 80, il avait une idée bien plus précise, avec un univers qui relierait parfois les précédents roman de King. Entre temps, il avait aussi écrit Le Talisman et voulait s'inspirer de cette histoire, avec des protagonistes de notre univers qui traversent une sorte de multivers composé des précédentes histoires de King.
Et ça nécessite de donner à Roland de Gilhead des compagnons issue de notre époque (ou presque) qui aient leur problèmes propres et qui doivent être obligés de suivre Roland dans sa quête. Sauf que dans un premier temps ça en fait des boulets et on tombe vraiment dans des récits qui sont très clichés : on passe pas mal de temps avec un junkie qui bosse pour une mafia ultra-clichée ou auprès d'une femme atteinte d'une schyzophrénie de cinéma. Et surtout, à chaque franchissement de la porte, Roland se retrouve tout simplement à New York, lieu bien pratique pour justifier tous les raccourcis du roman, notamment avec un personnage responsable, sans le savoir, de 80% des problèmes des héros. Lorsque j'avais 18 ans je trouvais tout ça un peu tiré par les cheveux mais après la quarantaine c'était parfois un peu lourd à relire.
Je ne sais pas trop quoi penser des crabes dégueulasses qui attaquent Roland : d'un côté ça en fait des menaces assez grotesques assez Kingienne qui renvoient à l'idée que la dimension dans laquelle vit Roland est un véritable enfer n et un prologue qui donne grave envie de savoir la suite. De l'autre ça donne au protagoniste des problèmes dont le récit se serait bien passé : Roland se retrouve entre la vie et la mort, il a perdu une partie de sa main et on va devoir se taper toute sa convalescence et les complications qui vont avec, de plus la façon dont il s'en sort lui est vraiment pavé (il retombe pile à New York . C'est pénible à lire, pas vraiment crédible (normalement il serait mort d'une lente agonie avec ou sans l'aide d'Eddie) et en regard de la suite du récit, pas vraiment nécessaire. Surtout que je sais que King peut faire des bons récits sans nécessairement rajouter pas mal de rebondissement (Cujo se passe presque entièrement dans une bagnole perdu à la campagne.)
Après c'est du Stephen King : même si ça fait 500 pages ça se lit vite. Et il y a pas mal de points positifs. Arrivé à la moitié du récit, Eddie devient un personnage chouette (une fois qu'il est sevré de la drogue) et je lui pardonne un peu d'être le cliché du personnage qui fait des références à la pop culture sans arrêt. D'une part, il a été écrit avant ne que ça soit devenu un cliché et de l'autre, je sais que ça va servir pour le 4eme tome. Et son histoire avec Detta / Suzannah est assez touchante, ça fonctionne plutôt bien. Et puis, il y a toujours le monde étrange du Pistolero avec sa bizarrerie onirique, ici une plage qui s'étire sans fin et dans laquelle on trouve des portes dimensionnelles.
L'épilogue du récit retrouve un peu le côté mystique et aventure du premier, ce qui me donne toutefois, une bonne envie de reprendre la lecture de la saga vers la Tour Sombre.
PS : Je sais que c'est nul de se plaindre qu'une couverture ne représente pas ce qu'il y a dans le livre, d'autant plus que celle-ci est celle de l'édition J'ai Lu des années 90 (celle que j'ai trouvé chez le bouquiniste) mais c'était franchement nul d'y mettre une nana noire allongée par terre nue. C'est pas tant la nudité qui me gène que dans le bouquin celle-ci est amputée des deux jambes (et elle n'apparait jamais nu sur le sable.) Du coup, c'est un personnage totalement inconnu que la couv' met en scène