Depuis quelques temps, je passe tous les jours devant la rue Ernest Psichari pour aller prendre mon bus. Je me suis donc souvenu que j'avais Les Voix qui crient dans le désert dans ma bibliothèque, et envie de le lire depuis un moment...
- Psichari est jeune sous-lieutenant dans un régiment colonial en Mauritanie. Il raconte dans cet essai, comment le contact du désert, de l'Afrique et des Maures l'a transformé en profondeur et l'a amené à une véritable conversion. Le fil de ses pensées suit la géographie qu'il traverse au cours de ses quelques missions, et les différents lieux, dont les noms constituent le titre des chapitres, amènent l'auteur à des interrogations profondes.
En Afrique, Psichari est vu comme le représentant de la civilisation chrétienne et de la culture française. Aussi les Maures lui posent-ils de nombreuses questions, tout intrigués qu'ils sont par ce qu'ils ne connaissent pas, et en particulier par la religion chrétienne. Pour répondre aux interrogations des musulmans avec qui il s'est lié d'amitié, Psichari, qui représente un peuple français croyant, fait alors profession d'une foi qui n'est pas la sienne mais qui est partagée par la majorité de ses compatriotes. Il explique donc la foi catholique aux musulmans et au fil de ses échanges avec les Maures, son témoignage fini par le convaincre lui-même.
Le récit de cette conversion est très prenant, et raconté avec beaucoup de simplicité et de sincérité. On sent au cours du livre, le changement qui se fait petit à petit dans l'esprit de l'auteur, jusqu'à son retour en France, qui est aussi un retour à Dieu.
Par ailleurs, ce livre témoigne de l'attachement profond de Psichari au pays qu'il sillonne, à son désert et à ses silences, particulièrement propices à la méditation et à la rêverie solitaire. Et l'éloignement de sa patrie nourrit aussi l'amour de Psichari pour la France. Il se sent son représentant auprès des Africains, et attache une grande importance à renvoyer la plus haute image de son pays aux Maures.