Ijon Tichy est un savant explorateur qui parcourt la galaxie, puis rentre chez lui classer ses échantillons et réfléchir aux problèmes rencontrés. Il n'hésite jamais à confronter ses théories à celles de ses collègues, et l'on se demande lequel est le plus fou de la bande. Ses mémoires forment une impressionnante collection de récits de voyages intergalactiques et d'épisodes troublants qui nous renseignent sur la richesse de la vie au sein du cosmos.

Stanislas Lem est plutôt connu pour "Solaris", qui n'est pas son meilleur livre, ou au maximum pour des ouvrages adultes et plutôt sombres comme le très bon "Retour des étoiles" ou "L'invincible". Ici pourtant, comme dans les "Mémoires d'Ijon Tichy", dont c'est la suite, il donne libre court à sa fantaisie, dans un style bien plus léger.

Le livre se présente comme un recueil incomplet des récits d'Ijon Tichy, qui aurait été rassemblé par un de ses proches collègues, le professeur Tarantoga. Dès le départ on tombe sur des pseudo-références scientifiques délirantes, dans le style faussement érudit qu'affectionne Lem. Les voyages sont d'ailleurs mal numérotés, du 7e au 28e (mais il vous faudra lire l'ensemble pour comprendre pourquoi il y a tant de chamboulements). Ils sont racontés à la première personne, comme dans les "Mémoires".

Le 7e voyage repose sur le paradoxe temporel, alors que Tichy passe dans une zone de turbulence de l'espace-temps et qu'il doit réparer son vaisseau.

Le 8e voyage voit Tichy envoyé à l'ONU galactique (l'OPU, en fait) pour représenter la Terre, et où il apprend la vérité sur la création de l'espèce humaine.

Le 11e voyage voit Tichy déguisé en robot, sur une planète où ce sont les machines qui ont pris le pouvoir. Je ne m'en souviens plus très bien.

Lors du 12 voyage, Tichy utilise un appareil qui permet de ralentir le temps pour échapper à un accident. Mais en contrepartie, l'évolution de la planète sur laquelle il met le pied s'accélère. Il inverse le temps mais ne parvient à s'en tirer que de justesse.

Le 14e voyage parle de chasse au portel, d'une planète où les tormètes (tornades de météores) sont si fréquentes que chaque individu a une clone tout prêt pour le remplacer.

Le 18e voyage explique comment Tichy réussit à recréer l'univers, et par là-même à le sauver.

Le 20e voyage est un voyage dans le temps. Tichy reçoit une visite de son double futur, qui a accepté de chapeauter une entreprise de remodelage de l'Histoire, avec comme sous-directeur un certain Rosenbeisser. Hélas, ses collaborateurs sont des incompétents. Pour les punir, il bannit dans le passé, Harry S. Tott, H. Ohmer, etc... Le gâchis final ne fait que produire notre histoire actuelle. On apprend au passage la raison des mauvaises numérotations.

Lors du 21e voyage, Tichy part à la recherche de la planète la plus évoluée en se fiant au tableau de Hopftosser (la fameuse trilogie du Déchet, du Bruit et des Tâches solaires). Il arrive sur la planète Dichtonie. Ses habitants, autrefois humanoïdes, contrôlent complètement leur propre évolution. Par conséquent ils ne forment plus une race, mais changent leur corps en fonction de la mode, ou du régime politique en place, ce qui pose de graves problèmes identitaires. Une église tente de combler ce vide, mais ses élaborations théologiques sont des plus alambiquées, ce qui ne résoud rien.

Tichy époussette ses souvenirs et tombe sur un canif, qu'il avait perdu dans le système d'Eripélase, lors de son 22e voyage. Au cours de ses recherches, il rencontre toute une galerie de personnages savoureux, dont une sorte de Jésuite désespéré d'adapter le dogme chrétien à la diversité des races spatiales.

Lors du 23e voyage, Tichy découvre une coutume inattendue : la dématérialisation, qui épargne de mal dormir ou de s'ennuyer.

Le 25e voyage narre les recherches de Tarantoga et Tichy à propos d'une nouvelle race de patates stellaires.

Le 28e et dernier voyage voit Tichy feuilleter son arbre généalogique, au sein duquel on trouve bon nombre d'originaux. Il y a notamment le journal de bord d'un des premiers vaisseaux à approcher la vitesse de la lumière, et dont l'espace-temps n'est du coup pas bien réglé, mais alors pas bien du tout.

Si le foisonnement des noms de races, de planètes, de coutumes, lassera peut-être certains lecteurs, on ne peut que recommander ce livre trop peu connu. Il souligne de manière humoristique les imperfections de la science, qui tente de classer l'ensemble du monde matériel et d'expliquer tout phénomène par des théories, mais est condamnée à tâtonner. La richesse de l'univers a pu inspirer des oeuvres comme la très bonne (du moins à ses débuts) BD "Valérian et Laureline".
zardoz6704
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le 11 nov. 2012

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