Les Vrais Durs
6.2
Les Vrais Durs

livre de T. C. Boyle (2015)

Publié sur L'Homme qui lit :


Les vrais durs ne sont pas toujours ceux auxquels l’on pense, pourrait songer Sten Stensen lorsque les dernières pages de ce roman nous invitent à le ranger dans les méandres de notre mémoire de lecteur. Si lors d’un voyage organisé au Costa Rica, une de ces croisières pour retraités que les américains affectionnent tout particulièrement, Sten neutralise à mains nues un jeune homme armé bien décidé à alléger son groupe en visite de leurs portefeuilles, son geste tient plus du réflexe d’ancien Marine que de l’action héroïque.


Glorifié malgré lui à son retour au pays, il retrouve avec sa femme Carolee la vie ennuyeuse d’un ancien proviseur à la retraite, affublé d’un fils errant entre folie et marginalité, qu’il tente sans vraiment trop s’en donner les moyens, de canaliser en le laissant vivre dans la maison de sa grand-mère fraîchement décédée.


Adam, son fils d’une trentaine d’année, se fait appeler Colter en mémoire de John Colter, un explorateur américain dont les aventures dans la région du parc de Yellowstone sont dignes du film The Revenant, récemment à l’écran. Ainsi il quitte régulièrement la maison que ses parents ont laissé à sa disposition pour aller crapahuter dans la montagne, essayant de se protéger de ceux que ses délires schizophréniques le font appeler « les hostiles ».


Dans son périple, il rencontrera Sarah, une de ces pseudo-révolutionnaires un peu barrées, persuadée que l’état fédéral n’a pas de légitimité sur elle, et qu’elle n’a ni à lui rendre de compte, ni à obtempérer. Forcément, quand un agent de police la contrôle sur la route, les choses s’enveniment…


Dans la région, les mexicains sont vite pointés du doigt dés que quelque chose va de travers, et quand il s’agit de défendre la forêt, qui abriterait la source d’un traffic de drogue, c’est Sten Stensen le héros d’un jour que l’on vient chercher. Jusqu’à ce que l’on découvre, ébahi, que son fils Adam est à l’origine des récents évènements dans cette forêt, et que, armé et délirant, il refuse de se rendre.


Boyle livre un roman dérangeant, librement inspiré des 36 jours de traque policière d’Aaron Bassler, qui interroge avec une plume acide et moqueuse, les dérives culturelles américaines, la folie banalisée, la xénophobie, la résistance vis à vis de l’état fédéral, l’attitude colonaliste des touristes américains, l’héroïsation à tout va, la toute puissance d’une police lourdement armée… Un roman sympathique mais un peu trop fourre-tout à mon goût.

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le 4 mai 2016

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Brice B

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