En 1940, Léon Werth, ami de Saint-Exupéry, lui confie le manuscrit d’un récit de l’exode intitulé « 33 jours. » Il le charge de rédiger une préface et de le faire publier depuis les Etats-Unis. Mais « 33 jours » ne paraîtra pas. La préface paraît en 1943 sous le titre « Lettre à un otage ».
Dans ce texte, Saint-Exupéry s’adresse à Werth, et au-delà à tous les français « otages » d’Hitler pour les exhorter notamment à l’unité, et leur apporter un soutien. Il développe des idées dont on peut toujours s’inspirer aujourd’hui : importance d’un sourire, qui peut débloquer des situations désespérées et rendre les choses plus faciles. Nécessité d’accepter la mort de quelqu’un (en l’occurrence d’un fils ou d’un mari à la guerre) plutôt que de faire comme s’il allait revenir. Car alors le deuil est impossible. Idée qu’on apprend de ses erreurs. Différence entre le voyageur, qui reviendra un jour chez lui, et l’émigrant, qui n’a plus de racines. Il évoque aussi le désert, et l’ancrage que donnent, justement, les racines, lorsqu’on est seul dans une telle immensité.
Un très beau texte.