Voilà le Céline que j'aime, celui qui en veut à tout le monde, même ceux qui veulent l'aider, qui refuse de comprendre, qui insulte, qui est vrai, qui n'a aucune limite...
J'ai vraiment été touché par sa relation avec Gallimard, notamment lorsque ce dernier lui dit attendre avec impatience leur prochaine engueulade. Je crois que tout est dit, l'amour vache.
Les lettres de ce recueil sont courtes, vives, incisives, parfois répétitives (Céline ne lâche rien) mais assez délicieuses, sans pour autant être impudiques étant donné qu'il s'agit d'un échange professionnel.
Ce recueil se révèle donc être un indispensable pour comprendre l'homme que pouvait être Céline, ses relations réelles avec les autres, tout en faisant preuve d'une verve qui n'appartient qu'à lui.
J'aime cette manière qu'il peut avoir de détester Sartre, Gide, Proust (bien que je le trouve injuste avec ce dernier), parce qu'il ne triche pas. Il ne ment pas.
Le plus beau passage reste cette dernière lettre, envoyée la veille de sa mort, pleine d'un menaçant respect nihiliste envers son éditeur. C'est un peu pénétrer les dernières heures de sa vie et se rendre compte que jusqu'au bout il a gardé le même ton, que l'approche de la mort ne l'a pas calmé.
Je trouve ça beau.
Une autre lettre qui m'a marqué reste la défense que Paulhan peut faire de Céline et de son comportement durant l'occupation, de son "antisémitisme". Puis il y a cette réponse de Céline qui précise qu'il n'a jamais voulu que l'on massacre les juifs, mais qu'il a juste voulu les empêcher de commettre un nouveau massacre (et il donne l'exemple de la Palestine où dit-il les juifs ont été pires que les pires aryens ou les pires arabes) et que son erreur a été de croire qu'Hitler ne déclencherait pas de guerre (avant de préciser que celui-ci a demandé plusieurs fois la paix pendant la drôle de guerre).
Bref de quoi faire grincer des dents. Et c'est pour ça que je l'aime, il ne se retient pas.