Pain de grande qualité
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le 22 sept. 2023
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De Maistre fustige avec brio la Révolution dans ses Considérations, voyons voir comment il défend l’Inquisition (surtout Espagnole) dans ses Lettres.
Les Lettres à un gentilhomme russe sur l'inquisition espagnole servent donc à défendre l'institution de l'inquisition en Espagne, ce qui peut être troublant tant l’idée de l’inquisition est associée à la barbarerie et au supplice. Mais son approche de l'inquisition est marquée par une vision conservatrice et apologétique, où il minimise les éventuels abus et injustices commis au nom de cette institution, et il va aussi jusqu’à rappeler que les chrétiens sont par essence contre toute forme de violence et torture, actes odieux que De Maistre rejette complètement.
Il déclare être farouchement opposé aux exagérations dans tous les domaines, mais affirme néanmoins que l'Inquisition est une institution salutaire qui a rendu d'importants services à l'Espagne. Il affirme que l'Inquisition a été calomniée par le fanatisme sectaire et philosophique.
Cependant, De Maistre précise qu'il ne cherche pas à excuser les abus qui auraient pu être commis par l'Inquisition.S'il reconnaît que certaines fois l'Inquisition a pu réprimer les esprits de manière excessive ou commettre des injustices, il condamne ces actions condamnables et antichrétiennes. Malgré cela, il défend l'idée de préserver les institutions anciennes d'une nation, soutenant qu'elles sont généralement basées sur de profondes raisons et que leur remplacement est rarement aussi bon. Le partisan de la tradition que je suis est conquis.
Tout le long, De Maistre présente des arguments solides et réfléchis pour soutenir son point de vue. Ses réflexions sur la nature de la foi, le rôle de l'autorité religieuse et les limites de la raison peuvent susciter, bien qu’obsolètes et risibles aujourd’hui, une réflexion profonde et offrir une perspective d’alternative sur l'inquisition.Il y critique souvent le rôle des Cortès qu’il considère comme étant responsables de la déstabilisation et de la destruction de l'ordre social traditionnel.
De Maistre soutient que les Cortès étaient dominées par les forces révolutionnaires et représentatives du libéralisme, ce qui selon lui, menaçait les institutions chrétiennes et l'ordre établi. Il les voyait comme une menace pour la stabilité et la tradition, et il défendait l'idée d'un gouvernement fort et centralisé pour préserver l'ordre et la foi chrétienne. C’est, en somme, un résumé de ses lettres, jusqu’à la VI, plus centrée sur l’Angleterre.Plusieurs passages m’ont plu par leur pertinence et leur application à la vie de nos jours. Par exemple, quand Joseph de Maistre aborde le sujet de la tolérance religieuse en Angleterre et critique l'indifférence supposée envers la religion.Il répond à une potentielle objection de l'Angleterre en affirmant que la tolérance dont elle se vante est en réalité de l'indifférence totale envers la religion. Il soutient que pour être tolérant, il faut d'abord croire en sa propre religion et être en mesure de la défendre. Il fait valoir que l'Angleterre, en tolérant toutes les croyances sans restriction, démontre son manque de croyance véritable. Être d’accord avec tout le monde implique de ne croire en rien, on connaît tous des gens comme ça, préférant ménager la chèvre et le chou.
Il affirme aussi que si l'Angleterre avait une conviction religieuse solide, elle aimerait davantage les symboles chrétiens qui s'en rapprochent, mais selon lui, elle préférerait être représentée par un socinien plutôt que par un catholique, ce qui, pour lui, démontre l'absence réelle de croyance en terre angloise. La preuve que des non-initiés prennent les décisions et détournent cette institution chrétienne de son essence.
La perfide Albion est souvent citée, vu son statut de précurseur de la Révolution et surtout la réforme d’Henri VIII avec l’église anglicane qui a perturbé la tradition.Il affirme aussi que la foi est clairement et totalement absente en Angleterre, et en raison de cette absence de foi, il estime que le pays a perdu de facto le droit de critiquer les autres pays qui prennent des mesures pour conserver la foi. De Maistre considère la foi comme une valeur essentielle et il souligne que la perte de la foi est l'une des plus grandes calamités. Même cette réflexion est mal perçue de nos jours, je la trouve pertinente, j’aime l’idée d’un socle commun pour faire régner une justice sans violence arbitraire, une qui implique tout le monde, des gens réunis par une même foi.
Ses réponses à Hume, très critique envers la religion aussi sont plutôt mordantes, j’ai bien aimé quand De Maistre, comme Pascal, soutient que la raison seule ne peut pas démontrer sa vérité et que la foi opère comme un miracle continu dans l'esprit de ceux qui le croient, renversant ainsi les principes de la raison droite. Je ne suis pas forcément d’accord avec ça mais c’est bien dit.Il ne se prive pas pour ironiser ensuite sur la vie paisible de Hume, soulignant qu'il a vécu dans le confort et toutes les distractions accordées au talent. Il en conclut que, en Angleterre ou ailleurs, les critiques et les sceptiques ne peuvent qu'être ignorés et ne peuvent entraver la diffusion du christianisme. Ça par contre, ça ne s’est pas du tout passé.
De Maistre critique aussi la manière dont la mort de Hume est décrite avec une certaine complaisance par son éditeur. Celui-ci le présente comme étant sur son lit de mort, endurci et bravant Dieu en le narguant, passant son temps en à lire les dialogues de Lucien, et en réfléchissant avec amusement à quelles excuses il pourrait donner à Charon pour éviter de monter dans la barque du passage vers l'au-delà.
De Maistre se moque de la façon dont est traité cette narration des convictions d'un philosophe athée. Quand un chrétien accepte la mort avec foi, on se fout de lui, quand c’est un athée, on le glorifie, un deux points deux mesures encore bien actuel.De Maistre affirme que le christianisme est devenu presque effacé en Angleterre.Il mentionne que certains individus, encore attachés à quelques fils de l'ancienne foi, craignaient que l'indifférence, déguisée en tolérance, ne finisse par donner à la nation anglaise des représentants qui ne seraient plus chrétiens. Face à la disparition progressive des dogmes chrétiens, ces individus ont proposé un projet de loi sur la foi en la Trinité, selon lequel tout Anglais refusant de prêter serment à cette doctrine fondamentale serait inéligible pour siéger au Parlement.Cependant, le Parlement a rejeté ce projet de loi, estimant qu'il etait trop contraignant et qu'il ne fallait pas imposer une obligation qu'eux-mêmes, les élus actuels, ne seraient pas prêts à assumer. La porte ouverte à toutes les fenêtres, parce que ça légitime le rejet de la religion, censée être fondamentale pour gouverner.
Une réflexion bien différente vis-à-vis de l’inquisition et toute son imagerie, défendue par la plume majestueuse de De Maistre. La religion au service de la justice, et les dangers que peuvent engendrer la philosophie des Lumières sur des hommes qui n’ont rien à faire à des postes de magistrats, comme les impies Cortès.
Créée
le 2 oct. 2023
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