Présentation Leur âme au diable de Marin Ledun
Le 28 juillet 1986, deux camions citernes sont interceptés par Muller. Ils sont destinés à la fabrication des cigarettes. Mais l’opération vire au drame avec des morts et la fuite de Guérin. Il faut avant tout effacer les traces.
Muller prend une décision en ce qui concerne Hélène Thomas, informatrice.
Avis Leur âme au diable de Marin Ledun
J’aime beaucoup Marin Ledun même si je n’ai pas lu tous ses romans. J’aime son univers très noir, sur ce que j’ai pu lire déjà. J’ai eu l’occasion de participer, en visio, à une rencontre avec Marin Ledun grâce à Babelio. Ce jour-là, je n’avais même pas lu 100 pages sur ce roman car reçu très en retard. Mais j’ai écouté l’auteur, j’ai écouté les questions posées qui correspondaient à ce que j’avais envie de lui demander. Je remercie donc Babelio pour cette rencontre virtuelle, laquelle je l’espère sera vraiment réelle à Lyon, début juillet.
Bref, Marin Ledun offre un roman fleuve qui aurait pu être encore plus long. Un roman qui se passe sur une vingtaine d’année et qui concerne l’industrie du tabac et toutes les opérations marketing, les évolutions des lois sur le tabac, les tractations en coulisse… Quatre ans de documentation, quatre ans pour éplucher des textes, des lois, coller à l’actualité et offrir ensuite une écriture avec un roman noir. Le pari est réussi pour Marin Ledun.
Au départ, des camions d’ammoniaque sont subtilisés et brûlés. Malheureusement, il y a 7 morts, principalement des meurtres. Muller sauve une jeune femme qui était l’indic concernant les trajets de ces camions. Pour cela, il se rapproche d’une autre jeune femme.
Muller est le bras droit meurtrier de Bartels qui a fondé sa société de communication et dont le principal et unique client est un grand groupe qui vend des cigarettes. Bartels n’a aucune foi, mais il connaît son métier à fond, il sait qui il doit rencontrer, il sait à qui il doit donner de l’argent. Il est pratiquement couvert par ce grand groupe mais ce dernier ne connaît pas tous les tenants et aboutissants des actions de Bartels.
Ce sera également plus de 20 ans d’enquête pour deux officiers de police suite à cette disparition des deux camions et des meurtres et aussi suite à la disparition de Sophie. Nora et Brun vont en faire des affaires personnelles, quitte à contourner la loi pour l’un des deux. Leurs vies en seront profondément changée car est-ce que les coupables seront réellement inquiétés et/ou condamnés ?
Histoires d‘influences, de gros sous, de politique nationale mais aussi européenne. Avec ce roman, Marin Ledun me conforte dans ma position prise il y a quelques années de ça concernant la politique et mes votes aux élections. Le premier, c’était le terrorisme, là, c’est l’industrie du tabac. Alors, oui, certains élus ont été engagés et sont toujours engagés contre le tabac. Mais d’autres jouent sur plusieurs tableaux, malheureusement. Avoir des pots-de-vin pour mener une vie encore plus belle. Mais pour cela, ils devront tout faire en faveur de ceux qui vendent le tabac.
L’industrie du tabac a fait travailler de nombreuses personnes, que ce soit ceux qui récoltent le tabac – mais pas avec toutes les substances qui lui sont adjointes – les buralistes également… Mais j’ai vraiment adoré tout ce que Marin Ledun nous propose sur ces contrats publicitaires, leur évolution au fil des ans, tout ceux qui en ont profité. Ils ont dû se réinventer ou négocier lorsque les prix augmentaient, lorsque les paquets comportaient de nouvelles mentions. Ils ont tenté d’avoir le beau rôle en participant à de nombreuses oeuvres caritatives. Toutefois, ils ont toujours oeuvré en faveur du tabac, non néfaste. En tous les cas, j’ai appris de nombreuses choses avec toutes les substances qui sont incluses dans le tabac, cette contrebande. Marin Ledun nous rappelle également quelques évènements qui se sont passés ici ou dans le monde.
J’ai beaucoup aimé les personnages. Au début, c’était vraiment Muller. Cela a continué tout le long du livre, mais il y a aussi Valentina, Nora, patient et pointilleux. Et le personnage de Bartels est vraiment très fort, très travaillé. Il n’est pas sympathique mais le lecteur se rend compte qu’il ne change pas d’un iota.
Les phrases sont très courtes et percutantes. Même si Marin Ledun a annoncé lors de son live que son premier jet faisait plus de 1000 pages et qu’il s’est senti obligé de raccourcir son roman afin qu’il ne soit pas trop lourd, j’aurais bien aimé avoir cette version-là. Et c’est vrai que cela me rappelle la trilogie de Don Winslow. Personnellement, j’aimerais retrouver Marin Ledun dans un roman beaucoup plus noir, comme ma première rencontre livresque avec Marin Ledun, Dans le ventre des mères.