Un puissant roman qui parle de pas grand chose

Etant lorrain, j'ai d'abord été attiré par le fait que c'était quelqu'un de chez nous qui avait remporté le Goncourt. Parce que pour tout dire, en lisant le 4ème de couverture, je n'ai pas sauté au plafond d'excitation.
Et en effet, conformément à ce qui est annoncé, l'auteur nous parle donc de jeunes qui sont là à rien faire de leurs journées dans une vallée industrielle à l'abandon après la fermeture des grandes entreprises sidérurgiques (quand vous passez près de Hayange, un panneau vous indique : Vallée de la Fensch : l'acier en coulée continue. Tout un programme). C'est donc assez déprimant et il ne se passe pas grand chose pour tout dire. Les dialogues sont également souvent lapidaires, à l'image d'une jeunesse desabusée et sans espoirs.
Néanmoins, malgré cette abscence d'accroche et de héros charismatique, l'auteur nous livre dans un style très particulier (un peu à la Jean Echenoz, avec des dialogues dans le texte, sans tirets ni ponctuation, perso j'adore mais je sais que ce n'est pas au goût de tout le monde) une critique de la société très brillante. Aiguisée, subtile, pleine de vérité mais jamais amère ou pessimiste, son analyse est très bien réussie et m'a beaucoup plu.
A noter aussi l'absence de début (il faut s'accrocher sur plusieurs dizaines de pages avant que l'auteur commence à nous partager ses points de vue) et de fin, c'est toujours déroutant.