Sur la trentaine de livres que je lis chaque année, il y a péniblement deux ou trois excellents livres, rarement un chef d’œuvre. Mais voilà. Pour moi, Asta est mon chef-d’œuvre de l’année. Je l’ai pris car j’étais séduit de lire mon premier romain islandais, comme une évasion un peu exotique de mon train train littéraire, en me convaincant que c’était un nécessaire exercice d’ouverture et de découverte culturelle.
Grand bien me fasse. Dans l’ambiance, on pourrait comparer au livre Article 353 du Code Pénal : l’écrivain nous plonge dans une mélancolie au long cours qui vous laisse avec un triste sourire figé aux lèvres, comme une savoureuse nostalgie. L’auteur livre ici une véritable prouesse littéraire, mêlant poésie, humour et parfois philosophie dans un style que j’imagine très nordique. Une belle histoire qui m’a fait posé le livre à de nombreuses reprises afin de méditer à tout ça. Des personnages assez froids mais néanmoins attachant. Des réflexions sur la vie très bien ajustées. Une analyse très poétique des tréfonds de l’âme humaine. Asta parle avec génie de la très romantique nostalgie d’un amour perdu, d’une passion inextinguible. Mais aussi de l’incapacité universelle des couples à surmonter la dévorante routine. Mais encore de la société, de relations humaines, de philosophie et encore d’amour. Tout ça un peu en même temps.
Le seul point négatif est peut être le manque de repères temporels, d’autant plus gênant que l’auteur saute allègrement d’une époque à une autre sur trois générations, s’incluant parfois dans l’histoire sans s’annoncer, au risque de perdre parfois son lecteur.