Ennui mortel

On croit d'abord embarquer pour une rencontre (et une romance potentielle) entre deux ados que tout sépare dans une France post industrielle rurale, et les suivre à travers les années 1990. Le fils d'ouvrier et la fille de petits bourgeois qui se rapprochent, s'apprivoisent, le tout sur 4 périodes (1992, 1994, 1996, 1998).

Sauf que c'est pas vraiment ça. Leur relation sert de point de départ, mais ne m'a jamais touché, accroché ou ému. Pas plus que les autres personnages, souvent très clichés et ennuyeux.

On ne sait pas vraiment qui nous raconte cette histoire. Le point de vue est changeant, comme le ton et le regard porté sur ces habitants de l'est de la France (beaucoup d'anachronismes de vocabulaire, au passage).

Je reconnais la qualité d'écriture de l'ensemble, mais j'ai attendu, en vain, que l'histoire commence. Passées les 100 premières pages et la douce nostalgie de l'époque, j'ai dû me faire à l'idée qu'il fallait se contenter d'une espèce d'état des lieux, à la fois chronique lente et essai sur la désindustrialisation. Ce roman pourrait s'arrêter 100 pages plus ou plus tard, cela ne changerait pas grand chose. Une forme d'inertie très ennuyeuse empêche le récit de progresser, alourdi de nombreuses marques et autres références superflues.

Pas de vrais enjeux dramatiques, ni de climax, ou de dénouement. Seulement une sorte de portrait, ou plutôt, une vision de l'auteur de cette France qu'il connait (il y a grandi), mais qu'il semble par moments juger du haut de son succès.

Au final, ce n'est pas mal écrit, mais c'est ennuyeux et redondant. Pas vraiment ce que j'attends d'un roman. Dommage, je croyais vraiment adorer vibrer auprès d'Anthony et Steph.