Peter, écrivain, voit un jour débarquer le FBI chez lui : un homme s'est fait exploser à l'aide d'une bombe et le seul indice pour l'identifier est qu'il avait le téléphone de Peter sur lui. L'écrivain dit ne pas savoir. Et décide de se plonger dans l'écriture d'une bibliographie qui expliquerait comment son ami Ben Sachs est passé d'écrivain-journaliste à terroriste.
Auster est toujours aussi fort pour nous entraîner dans son récit. Il sait vraiment raconter des histoires, même si parfois c'est énorme de coïncidence, de TADA!, et de rocambolesqueries. Ce n'est pas grave. Il suffit de se dire : c'est une fable et tout passe.
Lire un Auster, c'est un peu comme être tranquillement installer dans son fauteuil préféré, avec son thé tout chaud à portée de main, un feu qui crépite, un chien qui ronfle, et tout le temps qu'on veut pour se laisser transporter.
J'aime retrouver cette écriture simple mais qui parle. Pas de métaphore, pas de phrases qui cherchent à se faire voir plutôt qu'à dire. Auster est un conteur, un bon, et c'est excellent.
Après, pour l'histoire en elle-même :
les thèmes de l'écrivain qui rame, et qui réussit.
des histoires d'amour, d'amitié. ça s'écorche dans les coins, mais ça se rabiboche comme ça peut. ça souffre mais avec pudeur, fierté, et intelligence.
Pas d'étalage de sentiments culculpraline mais une sensibilité juste.
thème de la politique, du terrorisme. Publié en 1992, ce livre est presque prophétique avec une histoire de poseur de bombes : il fait sauter les Statues de la Liberté qui pullulent dans le pays. Le Phatom of Liberty veut réveiller les consciences, il touche le symbole des américains pour leur dire de se bouger un peu. Sans tuer personne. Ça fonctionne ? Un peu. Peut-être. Ça en touche certain. Reagan est au pouvoir, toutes les luttes et les éveils sont bons à prendre. Ça rappelle Guy Fawkes)
thème de prendre sa vie en main. De se poser et de se demander si c'est bien Notre Bonheur. Et oser tout recommencer à zéro.
Des personnages qui ne sont jamais tout blancs ou tout noirs. Un petit côté sauvage aussi, comme un américain baroudeur. Un esprit libertaire.
Auster en fait beaucoup sur certains symboles et coïncidences, mais pour le compte du conte, on se laisse aller à déceler les "indices" et y croire (Sachs est nait le jour où Hiroshima a été bombardée. Un des forts souvenirs de son enfance (et qui a aussi marqué son début d'indépendance) s'est passé à la Statue de la Liberté : sa mère prise de vertige est obligée de s'assoir sur les marches d'escaliers, Sachs fait des fariboleries dans la Torche. Il manque de mourir lorsque pétaradent les feux d'artifice du centenaire de la Statue de la Liberté...
Du coup, c'est évidemment un bon livre. Évidemment, il pose question sur nous, notre identité, notre place dans la vie et la société et parvient à nous distraire, à nous balader.
Parfois, tout de même, c'est un chouia trop. Trop "facile", trop évident, trop voulu.
Mais pris au jeu et au suspens (car il y en a) : ça se lit tout seul, avec un petit sourire sur les lèvres parfois.