Joanna Russ était une autrice américaine connue pour son engagement féministe. ce roman, publié pour la première fois en 1975, s'inscrit dans ce combat militant.
On y suit (difficilement, on va y venir) le parcours de quatre femmes se rencontrant au sein d'un multivers. L'une d'entre elle n'est autre que Joanna Russ elle-même, la seconde vient d'une Terre qui n'a jamais connu de seconde guerre mondiale, la troisième vient d'un monde composé uniquement de femmes et la dernière, qui arrive sur la fin du roman, d'un quatrième monde où Hommes et Femmes vivent séparés, dans un contexte de guerre des sexes (au sens littéral de guerre : il y a eu des conflits armés Hommes/Femmes).
Et je ne vais pas tergiverser, mais j'ai trouvé le texte très dur à lire. En effet, le texte est fort peu accueillant et ne présente pas aussi clairement que je l'ai résumé plus haut, les différentes intervenantes et leur société d'origine. Il m'a fallu par exemple une bonne centaine de pages pour distinguer Joanna de la femme de Terre 2, et comprendre qu'il y avait trois narratrices différentes ! Globalement, j'ai trouvé le début de lecture extrêmement confus sur le plan narratif.
Cette sensation s'efface peu à peu, mais l'abord du roman reste difficile à mon goût.
Sur le fond en lui-même, le texte est un peu daté par certains côtés, et encore dramatiquement actuel sur d'autres. Bon nombre des critiques à l'encontre du patriarcat par exemple (et on prétendra être surpris) sont encore pertinentes aujourd'hui. Le texte ne manque d'ailleurs pas de piquant à ce propos, le ton étant bien souvent humoristique/narquois.
Pour le reste, les échanges entre les quatre protagonistes constituent le gros du roman, abordant en vrac : les inégalités hommes-femmes, le lesbianisme (ce qui avait valu une réputation sulfureuse au roman en 1975), les questions de contraception et d'avortement, de couple hétéro-normé (même si ce n'est pas exactement énoncé comme ça)...
Bref, pour conclure, si le texte de Joanna Russ a marqué son temps, je le trouve vraiment très daté aujourd'hui, plus sur la forme que sur le fond cependant. Je trouve même, paradoxalement, que certains textes féministes plus anciens (genre début 20e) que j'ai pu lire ont moins mal vieilli que celui-ci, ou pour être plus précis, sont plus plaisants à lire.