Appâtée par une vidéo bien calibrée du jeune loup en rupture avec une société dont la sclérose n'a échappé à personne, j'ai entrepris de libérer mon cerveau, qui pourtant ne se plaignait pas vraiment. J'ai même vaillamment résisté aux assauts répétés contre notre infortunée école de la République, responsable, selon notre multidoctorant, d'une bonne partie des malheurs du monde (il faut lire : de ses malheurs). Après tout, je suis mal placée pour protester, moi qui râle à longueur d'année contre les rigidités administratives du système. J'ai une fois de plus pris mon mal en patience, ravalé mon cantique en faveur de cette poignée d'enseignants que je connais qui font leur travail avec sérieux et empathie (j'admets que cet échantillon réduit concentre peut-être tous les profs efficaces et consciencieux de France, puisque la gare de ma petite ville concentre à elle seule tous les retards de la SNCF, qui en dehors de ça fait arriver ses trains à l'heure à 95%, tout est donc possible), parce que je m'attendais à trouver ensuite quelques recettes infaillibles pour farcir mon encéphale, et celui de mes padawans, de tonnes de connaissances utiles de façon ludique et imparable; ergonomique, selon la terminologie de l'auteur. Il en annonce beaucoup, décortique les résultats de tas de travaux passionnants encore en cours, vitupère contre bien des aspects de la société moderne (dont la récupération par les militaires des technologies tournées vers la manipulation des mécanismes mentaux, en quoi il n'a pas tort, mais il pourrait également casser du marketing ), enfonce un certain nombre de portes ouvertes, se raconte un peu, sous un jour favorable à ses thèses, fait acte de pédagogie à l'américaine (la grosse artillerie, à base de répétitions, de paraboles plaisantes, et d'un manga pour illustrer tout ça en milieu de livre) et pof, c'est la fin. Sans qu'on ait glané quoi que ce soit de vraiment concret ou d'immédiatement applicable. Honnêtement, ça laisse un petit goût de poudre aux yeux, même si c'est fondé sur de vrais besoins, des critiques salutaires et des avancées scientifiques encourageantes. Pas de quoi néanmoins révolutionner le quotidien, et encore moins l'école. A réserver donc aux gens qui n'auraient jamais de leur vie réfléchi au fonctionnement de leur tête ou à l'usage que les autres font de cette même tête.