Oswald. Lee. Hidell.
La postface de l'auteur clarifie complètement le propos. C'est un livre qui propose une relecture de l'assassinat de Kennedy, vu à travers différents acteurs (des gars de la C.I.A. qui ne se...
Par
le 5 oct. 2019
1 j'aime
La postface de l'auteur clarifie complètement le propos. C'est un livre qui propose une relecture de l'assassinat de Kennedy, vu à travers différents acteurs (des gars de la C.I.A. qui ne se remettent pas de la Baie des Cochons, Jack Ruby...), mais en ce centrant principalement sur Lee Harvey Oswald. Delillo dit expressément s'être inspiré de ce que l'on sait, mais en cherchant, par un travail de romancier, à y donner une cohérence qui manque aux faits connus. Il dénie à son ouvrage toute valeur historique, au profit d'un exercice littéraire pur.
L'ouvrage remonte jusqu'à l'enfance de Lee et c'est au fonds le roman de Delillo le plus linéaire dans sa narration, à défaut d'être le plus facile à suivre, eu égard au grand nombre de personnages mentionnés.
Oswald est montré dans sa complexité. Son nom change en fonction des personnes qui le côtoient, et il dégage des impressions très différentes sur les différentes photos que l'on voit de lui. Personnalité fragile, souvent humilié, en quête de pureté, mais aussi d'une forme de reconnaissance terrible, on suit son parcours dans son voyage en URSS, ses relations conjugales désastreuses, la manière dont il reste perpétuellement en marge de la société, sa dyslexie, sa soif de savoir malgré tout, sa naïveté, sa soif d'action et son impuissance, tout cela le rend assez attachant. La galaxie de personnages secondaires gravitant autour des services secrets ou du FBI est peut-être présentée de manière plus convenue, mais fait bien revivre la culture de l'époque.
La fin compte de nombreux grands moments. On y trouve un ralenti littéraire très dense au moment de l'attentat, que peu d'écrivains auraient réussi comme Delillo et sa sensibilité éminemment cinématographique. On y trouve aussi une réflexion sur la mythification de l'événement, avec ce personnage d'historien dépouillant les sources, pléthoriques, et constatant que les recherches sur l'attentat de Dallas deviennent un monde en soi, autonome de l'événement lui-même. Enfin, le livre se conclue sur l'enterrement de Lee, vu à travers les yeux de sa mère, en un morceau littéraire qui hésite entre focalisation externe et monologue intérieur.
Libra n'est sans doute pas le livre le plus révolutionnaire de Delillo mais c'est un grand roman, qui renvoie encore une fois l'Amérique à son propre reflet. C'est une radiographie des Etats-Unis de ces années-là.
Créée
le 5 oct. 2019
Critique lue 323 fois
1 j'aime
D'autres avis sur Libra
La postface de l'auteur clarifie complètement le propos. C'est un livre qui propose une relecture de l'assassinat de Kennedy, vu à travers différents acteurs (des gars de la C.I.A. qui ne se...
Par
le 5 oct. 2019
1 j'aime
Une plongée vertigineuse dans les méandres de l'assassinat de JFK. Une écriture d'une densité impressionnante au service d'un récit passionnant.
Par
le 23 mars 2010
1 j'aime
Du même critique
C'est ce genre de film, comme "La dernière tentation du Christ" de Scorsese", qui vous fait sentir comme un rat de laboratoire. C'est fait pour vous faire réagir, et oui, vous réagissez au quart de...
Par
le 6 sept. 2013
56 j'aime
10
Milieu des années 1970 dans la banlieue de Seattle. Un mal qui se transmet par les relations sexuelles gagne les jeunes, mais c'est un sujet tabou. Il fait naître des difformités diverses et...
Par
le 24 nov. 2013
43 j'aime
6
"Crossed" est une chronique péchue, au montage saccadé, dans laquelle Karim Debbache, un vidéaste professionnel et sympa, parle à toute vitesse de films qui ont trait au jeu vidéo. Cette chronique a...
Par
le 4 mai 2014
42 j'aime
60