Le journaliste prend le pas sur l'écrivain - Lourdes
Livre captivant mais si vous avez aimé les Rougon-Macquart, attendez-vous à quelque chose de différent.
Ici, Zola se cache derrière Pierre Froment, un prêtre catholique qui a perdu la foi et espère la retrouver en allant au pèlerinage de Lourdes. Il accompagne une amie d'enfance paralysée des jambes qui est elle totalement en adoration devant la Vierge et croit profondément au miracle. On assiste aux luttes intérieures du protagoniste, déchiré entre le besoin de croire, la rationalité scientifique et la grande pitié qu'il éprouve pour la misère humaine des pèlerins.
Le livre est très bien documenté (Zola a passé deux semaines lui-même au pèlerinage et retranscrit fidèlement ce qu'il y a vu), on apprend toute l'histoire de la ville, des apparitions de la Vierge à Bernadette Soubirou jusqu'au la mise en vente écœurante du miracle (des dizaines d'étals proposant des médailles, souvenirs, chapelets...) qui affole l'auteur et son personnage.
Grand scandale à la sortie du livre car Zola y tient le rôle d'un humaniste définitivement rationnel et scientifique. Il attribue les miracles à des origines psychosomatiques (on dit hystérique, à l'époque) et s'il est réellement touché par le personnage de Bernadette Soubirou, pour lui elle est avant tout une illuminée, totalement naïve et plutôt faible d'esprit qui a été exploitée par les pères de la source.
A lire pour le point de vue d'époque (trente ans après les apparitions), les descriptions au scalpel du plus profond de la misère humaine (Zola !), peut-être un peu moins pour l'histoire, qui sert de support mais n'est définitivement pas la finalité de l'ouvrage.