Luca par Dadou-lit

Je n'ai pas trouvé Franck Thilliez au meilleur de sa forme. Disons que chaque auteur a ses défauts, parfois le lecteur les ignore volontairement mais parfois aussi il s'en énerve. Je connais les défauts de Thilliez depuis le tout premier ouvrage que j'ai lu de lui : il arrive que son écriture soit mal "dégrossie" ou encore qu'il frôle la littérature doudou. Mais en général ça passe crème parce qu'il travaille extrêmement bien les thématiques qu'il aborde.

Dans Luca, ça casse à deux niveaux : la manière d'aborder la thématique de l'homme machine - et des nouvelles technologies en général - ainsi que sa façon de traiter les relations qu'entretiennent les flics entre eux.

Les relations entre flics : lorsque le couple Lucie-Sharko est évoqué on dirait que c'est vraiment "histoire de dire" - "nan parce que faudrait pas oublier que c'est un couple de flic et que mon dieu dans quel monde vont-ils élever leurs progénitures, c'est horrible". Aussi cette relation devient doudou, rose bonbon : voyez le cliché du flic bourru qui a tout de même un coeur si tendre. Quant à Lucie elle est toute plate, au fond je ne parviens pas à m'attacher à elle parce que je ne la connais pas. Je passe la nouvelle relation Nicolas/Aura parce que la petite "surprise" finale est vraiment au dessus de mes forces.

La thématique de l'homme-machine : elle oscille entre un côté très édifiant et intéressant que Thilliez sait toujours bien présenter et un côté "je fais la morale aux méchants Gafa qui veulent changer la face du monde et je tape sur le sujet le plus débattu au monde, je nomme : l'eugénisme". J'ai réellement eu l'impression que Thilliez avait 30 ans de plus que son âge réel et qu'il rabâchait ainsi des débats vieux comme le premier ordinateur Apple. Je ne dis pas qu'il n'y a pas débat, bien sûr que la question de l'homme dépendant de la machine (et du méchant Big data) est capitale mais j'ai eu l'impression d'être coupable d'être née après la vague du minitel. En bref, la manière d'aborder le sujet est moraliste et je ne lis pas un livre pour y trouver ce genre ton, c'est toute la difficile frontière entre le fait de faire la morale à son lecteur et celui de lui apprendre quelque chose ou de lui donner matière à réfléchir.

Je cherche des bons points à distribuer mais malheureusement au moment où je rédige cette chronique il me reste 10 pages à lire : or je sais qui est le gros méchant et il ne me reste plus qu'à lire la conclusion un peu cucu de Sharko embrassant sa femme et dire : "maintenant le bonheur on le met en garde à vue" (cf citation véridique à retrouver dans Sharko). Reste que je n'ai pas aimé Luca et qu'il est possible que je laisse tomber les aventures de Sharko et Lucie. Pour autant, j'apprécie les histoires de Franck Thilliez et je continuerais à lire ses "One shot" (pardon pour cet anglicisme qui vient de l'éditeur himself).

Ah si pardon : l'intégralité du roman se déroule au moment d'une crue monumentale de la Seine et ça, c'était cool.