J'ai du lire au moins deux fois ce livre cet été (au centre bien sur), et pourtant ça ne m'avais jamais effleuré l'esprit. Ouest-ce qui ne m'avais jamais effleuré l'esprit ? Cette simple question : Pourquoi diable Luce va-t-elle dormir dans le lit d'inconnus ? N'a-t-elle pas de maison ? Comme faisait elle les autres jours ? Vient-elle de naître ? Non, Luce n'a pas d'excuses, elle ne demande rien, elle admet comme un droit le fait d'être hébergée sans même prendre la peine de demander l'hospitalité. Et ce livre prend son parti, faisant passer Mireille pour une méchante abeille. Certes, Mireille est une méchante abeille, elle a lu la lettre de Léon à ses amis, mais ce n'était pas dans ce livre là. Dans ce livre là, Mireille semble méchante parce qu'elle chasse Luce de son lit. Mais sérieusement, qui réagirait différemment ? Blanche-neige, elle au moins elle est gentille, et elle fait des tartes. Luce ne sait que raller. Sérieusement, Benjamin qui prend trop de place ? C'est toi qui t'es faufilée dans son lit, il ne sait même pas que tu es là. Et vous savez ce qui est pire que Mireille qui passe pour une méchante ? Benjamin qui passe pour un gentil ! Alors oui, il est heureux de rencontrer Luce et l’accueille dans sa vie avec générosité. Générosité vraiment ? Il le dit lui-même "Une puce ! J'ai toujours rêvé d'en avoir une !". Voilà, Benjamin ne fait que se servir de Luce. Il se sert d'elle pour en faire ce qu'elle n'est pas (une puce savante), pour réaliser son rêve à lui sans lui demander ce dont elle rêve elle et ce qu'elle pense de tout ça. De toute façon ce qu'elle pense de tout ça c'est très clair "Vraiment, tu ne vas pas me chasser ?". Et pour le coup, elle est nettement moins insupportable cette petite puce. Elle s'est sentie rejetée (probablement par plus que juste Mireille) et maintenant qu'elle trouve enfin quelqu'un qui l'accepte, elle est juste tellement soulagée qu'elle ne se soucie pas de savoir pourquoi et qu'elle est prête à tout pour garder son amitié. La preuve, Luce se voit proposer une opportunité de carrière, et elle la refuse pour lui. Non, je ne le lui reproche pas. Mais je le lui reproche à lui, qui ne réagit pas, qui ne dit même pas un mot pour la dissuader. Parce que son bonheur à lui est plus important que son bonheur à elle. Il ne l'a pas chassé et maintenant elle lui doit tout. Alors non, encore une fois je ne dirais pas bravo à la morale de ce livre. Parce qu'on a déjà tendance à penser comme la pauvre puce, alors si ce livre nous convainc que c'est bien, c'est juste n'importe quoi. Oui, elle se sacrifie pour son ami, c'est admirable. Mais quel genre d'ami est-il ? Un ami qui se sert d'elle pour obtenir le succès, qui fait d'elle celle qui veut qu'elle soit sans même qu'elle se demande elle qui elle veut être. C'est ça un ami ? Juste parce qu'il ne l'a pas chassé à coup de balais ? Je crois qu'elle a quand même le droit d'espérer un peu plus, un peu plus que ne pas être chassée à coup de balais.
