Sixième jouissance.
Il est préférable de lire "Lunar Park" après les autres offrandes de Bret Easton Ellis. Pourquoi ? Tout simplement, car cette autofiction délirante est l'oeuvre finale de l'enfant terrible des...
le 15 janv. 2014
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Je tiens pour ma part Bret Easton Ellis pour l'un des écrivains les plus importants de notre génération, autant pour son talent sidérant - ses phrases sont parmi les plus évocatrices, ou plutôt ensorcelantes que j'aie jamais lues - que pour sa détermination à traiter l'un des sujets les plus essentiels : l'impact des changements de société sur la psyché, l'identité, voire le corps de l'individu. A part JG Ballard hier et Houellebecq aujourd'hui (et évidemment Cronenberg au cinéma), qui y a-t-il qui questionne aussi rudement les mutations profondes que notre consumérisme - sans parler des idéologies dominantes actuelles - induisent, aussi bien au niveau de notre comportement envers les autres que de notre perception de nous-mêmes ?
"Lunar Park" commence comme une autobiographie un rien prétentieuse, bien à l'image qu'on se fait de Bret Easton Ellis, génie frimeur et largement antipathique, et se conclut sur l'une de ces élégies, en forme de travelling infiniment cinématographique, balayant une vie toute entière, qui bouleversera durablement tout lecteur s'étant interrogé sur ses rapports avec son père, et de l'impact de ceux-ci sur ses rapports avec son fils. Entre temps, on aura oscillé de plus en plus follement entre bribes de ce qui aurait pu être un best seller "classique" de BEE (les parents droguent leurs enfants pour pouvoir les supporter, ces derniers finissent par disparaître), pages qui pourraient être extraites in extenso d'un bouquin de Stephen King (même interrogation sur l'impact qu'aura sur la réalité l'oeuvre sortie de l'imaginaire d'un écrivain...), et divagations oppressantes qu'on ne pourra guère qualifier que de lynchiennes. C'est dire le tour de force ici, dans une hétérogénéité malade conjuguant la littérature de genre la plus populaire (le fantastique gore) et l'expérimentation "cinématographique" la plus ambitieuse.
On me dira que c'est le BEE le plus facile, le moins ambitieux, je rétorquerai qu'il traduit une volonté émouvante de se coltiner les défis beaucoup moins "glamour" de l'âge adulte en usant des artifices les plus efficaces de la fiction grand-public. Personnellement, j'ai dévoré "Luna Park" en quelques jours, et j'ai été bluffé. [Critique écrite en 2007]
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Créée
le 18 sept. 2014
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