Le secret du bonheur

Mme Bonheur est fabuleuse. Parce que son histoire, ce n'est pas seulement celle d'une personne heureuse. C'est surtout celle d'une personne qui apprend aux autres à être heureux. Autant dire que oui, j'aimerais me reconnaître en elle. Et pourtant hélas, c'est au roi du Val-des-larmes que je ne peux m'empêcher de m'identifier. Il pleure. Tout ça c'est dans sa tête, il n'a pas de raison d'être triste tu sais (oui, ceci est une citation d'Alice au pays des Merveilles). Il pleure mais il ne sait pas pourquoi. Il voudrait être heureux mais il ne sait juste pas comment faire. Mais Mme Bonheur lui donne la solution. Elle lui dit qu'il suffit d'essayer. Ça peut sembler très naïf, mais ce n'est pas si stupide que ça, pas du tout. Parce que quand tu souris, quand tu ris, tu ne penses pas que tu es triste. Et quand tu arrêtes de ressasser, quand tu arrêtes de trop réfléchir, de trop te poser de questions, de trop te demander ce que tu ressens, il arrive que tu oublies que tu es triste, et que fatalement tu deviennes heureux. Enfin jusqu'à la prochaine fois où tu te livreras à l'introspection tout du moins. Peut être que c'est naïf quand même, de croire qu'elle lui apprend le bonheur alors qu'elle ne lui apprends probablement que la joie. Mais ce qu'il ne faut pas louper, c'est qu'elle fait bien plus que lui dire d'essayer. Elle change la pancarte. Elle efface le nom de "Val-des-larmes" et appelle le pays "Val-des-rires". Et ce n'est vraiment pas stupide comme détail. Parfois, je me dis que je me sens triste parce que la tristesse correspond plus à l'image que j'ai de moi, aux étiquettes que je me suis collées où que l'on m'a donné à un moment donné. Et peut être que si seulement on pouvait changer l'étiquette, se voir autrement, alors on serait plus heureux. Peut être que je pleurerais moins souvent si j'arrêtais de me dire que c'est ce que je suis, une pleurnicheuse. D'ailleurs ça a déjà été le cas, j'étais bien plus de bonne humeur au collège, quand tout le Monde me voyait comme Mme Bonheur, reste plus qu'à savoir si l'humeur ne cause le nom plus que le nom ne cause l'humeur.