Le dernier grand explorateur
Tout le monde connait Magellan, son histoire, le passage qui porte son nom. Mais ce voyage de trois années, exploit que peu d'aventures humaines peuvent se vanter d'approcher, était avant tout porté par la volonté inflexible d'un seul homme.
Comme c'est une habitude dans ses biographies, Zweig déploie un style raffiné et d'une rare fluidité. Le récit est passionnant de bout en bout et l'écriture impeccable de l'autrichien sublime le destin fabuleux du navigateur portugais. Des origines du projet, jusqu'à son aboutissement, on ne prend toute la mesure de cette exploit miraculeux qu'une fois ces trois années écoulées et ces milliers de kilomètres parcourus.
De ses débuts comme simple matelot de la flotte portugaise, en passant par les batailles sur la route des indes et ses incontournables blessures, Magellan a dû ronger son frein avant de voir se concrétiser son rêve. Il franchit les étapes diplomatiques qui devaient le mener au faîtes du pouvoir, le roi lui-même. A contre cœur, Magellan a tourné le dos à sa patrie d'origine, sourde à ses requêtes et trop bouffie de prétention dans ses propres bénéfices. C'est une époque de vanité où les européens se partagent le monde avec une église encore toute puissante. Une fois face à l'horizon de l'atlantique, Magellan devra encore affronter une adversité railleuse et des dangers toujours renouvelés.
Il a fallut à Magellan une ténacité hors du commun et une intelligence subtile pour vaincre tous les obstacles qui se sont dressés devant lui. Avant même que son idée ne germe, les écueils qui parsemaient sa route étaient déjà nombreux. Avant même de prendre le large à bord de cette flotte de cinq navires, les embûches à surmonter ont révélé un homme pugnace dont la curiosité et la soif d'explorer sonnaient au diapason de son orgueil.
Radical dans ses choix, il a su concilier dureté et souplesse, sévérité et compréhension. Homme de caractère, pouvait-il en être autrement, Magellan a écrit une des plus belles pages de l'histoire de l'humanité. Ironie du sort, ce détroit ne sera jamais réellement exploité et son réel découvreur ne sera officiellement reconnu que tardivement.
Un ouvrage et un destin qui traverse le simple cadre de l'aventure humaine et qui trouve une résonance particulière dans notre monde où chaque centimètre carré est cartographié. Magellan restera pour longtemps encore le dernier grand explorateur.