On avait aimé "Malavita" du prolixe et généreux Tonino Benacquista, écrivain certes mineur, mais presque toujours inspiré. Il convient néanmoins de l'oublier un peu pour savourer cette "suite" qui me semble emprunter un parcours sensiblement différent. A la place d'une intrigue "policière" unique, on a ici un "roman" choral, comme on dit, avec quatre histoires qui ne se rejoignent que peu, mais constituent au final un portrait complet convaincant, juste et touchant, de cette étrange famille américaine déplacée en France dans le cadre d'un programme de "witness protection". Paradoxalement, c'est la légère indolence de l'auteur, qui ne semble pas se fatiguer beaucoup pour construire un "vrai polar", mais parait plutôt baguenauder à la suite de ses personnages en proie à des conflits au final très ordinaires, qui fait tout le charme du livre. D'ailleurs, dans la dernière partie, quand Benacquista fait parcourir à Fred, le mafioso repenti, les chemins balisés de la rédemption et du châtiment, on sent plus les grosses ficelles, et on adhère beaucoup moins ! Pour moi, le meilleur de "Malavita Encore" se trouve dans la parabole modeste mais pertinente de la lutte du "petit traiteur" contre la grande chaine de restauration, et surtout, surtout, dans les très belles pages sur la lecture et sur le "Moby Dick" de Melville, qui justifient à elles seules la lecture de ce livre "différent".[Critique écrite en 2012]