Dépressifs s'abstenir, merci.

Dernier volet de la trilogie de l'ancien proxénète Iceberg Slim, après "Pimp" puis "Trick Baby", il finit en apothéose.
Je ne sais pas si c'est le fait de ne pas parler de lui mais Iceberg Slim raconte merveilleusement la vie tragique de ce travesti dont la "Mama" du titre est sa mère, une femme cruelle entourée par la mort dont seul l'argent est le moteur, au détriment de son mari, de ses enfants et d'elle-même.

Un homme noir du Sud décide d'installer sa famille, sous la pression de sa femme, dans le Nord, à Chicago plus précisément ou il va perdre toute dignité, brisé par la grande ville, tout comme le seront ses enfants de façon différente : alcool, prostitution et meurtres. Puis le "héros" dont le parcours se fera sous influence de sa "Mama" le castrant dès son plus jeune âge, souvent impuissant face à la violence aussi bien psychologique que physique de celle-ci, il va subir, restant passif, observant l'explosion de son foyer, perdant ses repères, il va lui aussi sombrer, à sa façon.

Alors pourquoi j'ai aimé ? Parce que je ne lis pas, ni ne vois pas ce genre d'histoire souvent et fort heureusement! Car ma mère est aussi un monstre à sa manière donc je peux m'identifier, car la douleur de la perte des proches fait aussi parti de ma vie, car la grande ville a failli aussi me briser, car même si nous sommes dans les années 50/60, de nos jours les jeunes femmes se prostituent toujours, l'argent facile fait toujours recette, car c'est une immense tragédie qui ne sombre pas dans la facilité, efficace dans son récit et sa description, car c'est froid, c'est glauque, c'est violent et pourtant impossible de le lâcher, tout en sachant qu'il n'y a pas d'espoir car celui-ci est tué rapidement, le rêve n'existe pas et la réalité est d'une telle violence, qu'elle vous explose à la face et ça vous retourne, l'imagination marchant à fond et le pire, c'est que c'est une histoire vraie, crû et sans concessions.

Vous l'aurez compris, pour moi c'est un livre sombre, à ne pas mettre dans toutes les mains et surtout "âmes sensibles s'abstenir" mais cela frôle aussi la perfection dans sa narration, indispensable.