Maman Kaki
Maman Kaki

livre de Amy Lachapelle (2023)

Incontournable Septembre


ENFIN un livre sur un parent soldat, non mais il était TEMPS! Et bonus, c'est une MAMAN soldate! Je me réjouis toujours de voir des livres arriver avec un sujet laissé dans un coin sombre, loin de la littérature jeunesse, comme s'il n'existait pas. Au nombre de soldats canadiens mobilisés, vous pouvez être sur que ça interpellera de nombreux enfants, mais pas seulement eux. Il importe aussi que les enfants autours réalisent que des enfants passent de longs moments sans l'un de leur parent, que ce soit les soldats ou les corps de métier/professions aux horaires atypiques, comme les pompières/pompiers, les athlètes, les artistes, les diplomates ou même les journalistes. le fameux 9 à 5 n'est pas du lot de tout le monde.


Donc, après ce long préambule, qu'avons nous ici? Un format de petit roman, mais en réalité, c'est du vers libre. On a donc de la poésie. Parfois elle rime, d'autre fois non. On la découvre la poésie jeunesse de plus en plus, qui est beaucoup plus facile d'accès qu'on veut bien le croire. Pas besoin que ce soit du Nelligan pour parler de poésie, tout de même! L'un des gros avantages, c'est l'aspect aéré et restreint sur la forme qui rend l'histoire plus concise et moins "paragraphe". En peu de mots, on cerne l'essentiel, même le registre émotionnel. Avis aux profs, surtout pour ceux et celles qui ont des petits cocos moins "lecteur" ou qui se laisse facilement impressionner par un roman.


Côté histoire, nous avons une narratrice qui apprend le départ prochain de sa mère, mobilisée pour une mission au Moyen-Orient. C'est pas facile d'apprivoiser le chagrin causé par le départ, mais également les émotions qui meublent le quotidien par la suite. Ennui, tristesse, l'inquiétude, l'incertitude quand au bien être de la maman. Les "X" qui marquent les jours, le petit chien qui vient offrir un baume et de l'occupation saine, le papa toujours présent, la routine...Six mois en tout. Six mois de "Maman me manque" et de "comment y survivre?"


Ce doit être difficile pour les conjoint.e.s des soldat.e.s de les voir partir et de devoir gérer une famille seul.e durant ce temps, mais je ne peux même pas imaginer ce que doivent vivre les enfants. Néanmoins, je le réitère, voir sa situation dans un roman jeunesse est une belle chose, car cela permet de normaliser sa situation et de trouver des mots à mettre sur son ressenti. La fiction a ceci de merveilleux qu'elle permet de faire écho à la réalité et de donner des outils pour y faire face. Pour les autres enfants, même s'ils ne sont pas concernés au premier plan, voir cette situation et tâcher de la comprendre est un renforçateur d'empathie. C'est peut-être aussi l'occasion de prendre conscience de la chance d'avoir leurs parents tous les jours, qui sait?


C'est une belle petite histoire, pleine d'émotions et de petites victoires sur le temps et sur le défaitisme, sans invalider les émottions toutefois. C'est tout-à-fait normal de vivre des émotions, c'est de savoir quoi en faire qui est parfois plus difficile. Ici, je prend acte des solutions: écrire des lettres, en parler avec quelqu'un qui traverse le même genre de situation, recevoir des câlins, prendre soin d'un petit chien, laisser ses émotions s'exprimer ( hein? C'est une solution ça? Si. Retenir des émotions, ça fait du mal intérieurement, ce sont des messagers après tout et les retenir, les ignorer, n'empêcheront nullement la fonction de cette émotion d'exister).


Enfin, il convient de souligner l'aspect de fierté autours de ce métier peut-être encore mal connu qu'est les forces militaires. Je précise qu'au Québec et au Canada , les forces armées canadiennes sont moins une force de frappe que des appuis dans toute sorte de domaines. Il y a une vocation humanitaire dans ces forces armées, que ce soit d'aller donner des formations à d'autres armées, venir en aide aux sinistrés ( Canada inclut) ou donner un appui logistique et technique sur des territoires de guerre. Une petite armée très expertisée, dirions-nous. On peut en être fiers, sur bien des aspects. Je ne suis certainement pas pro-guerre, mais j'admire les gens qui font le voeu de venir en aide à leur prochain, peut importe à travers quel métier/profession.


Une belle ode à la famille, à l'unité et surtout à la capacité d'adaptation, une force réellement admirable chez les humains, qui mérite d'être reconnue.


Pour un lectorat Intermédiaire à partir du second cycle primaire, 8-9 ans+

Créée

le 14 sept. 2023

Critique lue 11 fois

Shaynning

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