Septième Seltzer est éditeur à New York. Septième ? Drôle de prénom ! Il est le septième d'une fratrie de treize enfants, tous baptisés selon leur ordre d'arrivée dans le monde. A l'exception de Zéro, la sœur, la petite dernière, prénommée ainsi car elle a l'immense tort de ne pas être un garçon, et compte donc pour rien. Car Mudd, la mère, avait décidé qu'elle n'engendrerait que des garçons, tous au service du peuple cannibalo-américain. Ce peuple est en voie d'extinction, et Mudd n'a qu'un but dans la vie : donner naissance à des garçons pour qu'eux-mêmes engendrent de nombreux petits cannibalo-américains, élevés dans les plus pures traditions de leur peuple. Les traditions justement : la plus importante est la Consommation. Lorsqu'un cannibalo-américan meurt, ses proches doivent le manger au cours d'un repas de fête, après avoir accompli le rituel (Drainage, Purge, Répartition, Consommation), selon des règles bien précises. Ainsi le défunt devient immortel, et continue à vivre à l'intérieur des personnes qui l'ont consommé. Un beau jour, Septième reçoit un appel de son frère aîné : Mudd, qu'il n'a pas vue depuis fort longtemps, est décédée. C'est le moment de procéder à la Consommation.
"Maman pour le dîner" est un roman original qui parle de l'appartenance ou non à un peuple. Qu'est-ce qui fait qu'on appartient à un peuple, qu'est-ce qui fait qu'on le trahit ? Est-ce trahir que de vouloir faire évoluer les traditions ? Est-on vraiment différent des autres ? Certains passages, vu le thème, sont assez dérangeants, mais il y a aussi de l'humour (Le personnage de la mère est outrancier), c'est bien écrit, et la conclusion à laquelle parvient Auslander porte à sourire. Un roman caustique très réussi.