L'innocence gâchée de Unabomber

D'une façon un peu caricaturale la pensée de TK peut se réduire à ces mots de Coluche :
"Le capitalisme c'est l'exploitation de l'homme par l'homme, le communisme c'est le contraire."
Une citation qui prête à rire... croyez-vous ?
Toutes les idées de cet homme sont cependant intéressantes et certaines peuvent donner lieu à des débats passionnants. En tous cas, presque à chaque page il nous pousse à une réflexion sur cette technologie qui nous dévore lentement mais sûrement, publicité et internet en tête.

"Les gens dépensent davantage de temps dans des divertissements en conserve plutôt que de participer à des activités spontanées."

Les gens (pas tous) vivent par procuration, noyés de stress, pressés par le besoin de gagner de l'argent ils oublient "La course des rats" et leurs tracas en regardant d'autres plus chanceux ou plus combatifs faire du sport, s'abîment dans des émissions vantées divertissantes de plus en plus débiles mais aussi en consommant de l'inutile. Toujours en toile de fond la compétition et un besoin maladif de paraître, de s'afficher. Grâce aux progrès techniques constants nous pouvons acquérir presque tout ce vers quoi nous sommes poussés à rêver tout en nous selfiant copieusement pour afficher notre bonheur.
Notre liberté est grignotée chaque année un peu plus, nous dépendons des machines que nous ne comprenons pas et devenons des esclaves de la cyber sphère. Le constat déjà en 1971 n'était pas fumeux et il est bien plus violent actuellement. Le travail qui devrait nous libérer (tiens ça me rappelle quelque chose !) nous bouffe, les astreintes se multiplient. Pire la surveillance par les membres de la société eux mêmes...1971-1984...et pour beaucoup à leur insu est maintenant effective. Nous sommes pris dans un carcan de contraintes et par des envies fabriquées de toutes pièces. Des besoins dont nous n'avons pas besoin... pour lesquels il faut s'investir de plus en plus alors que les choses "vraies" sont oubliées et que l'essentiel comme un logement décent, à soi devient de plus en plus difficile à acquérir.
LE TEMPS ! On a envie de hurler donnez nous du TEMPS !
Oui c'est terrible de penser qu'il faut travailler quasiment toute sa vie sans pouvoir jouir du temps et de choses simples. Elles sont maintenant masquées par la technologie et le consumérisme !

Ce qu'il manque toutefois cruellement à ce pauvre Théodore qui n'a pas compris qu'il n'était qu'un Don Quichotte de plastique c'est de l'empathie. Son livre en est amputé, mutilé, vidé. Une espèce de chose qui traine sa rancune, sa "désabusion". Une réflexion à sens unique et les moyens qu'il emploiera pour se faire entendre le mettront définitivement au ban d'une société technologique qu'il rejette violemment.
Lassé de se voir sans pouvoir il deviendra le Killer Unabomber, un produit négatif de son être profond.

Pour ma part mais je le savais déjà j'ai été très touché en tant que père par ce passage éclairant ce que nous demandons à nos enfants. Sans le savoir nous devenons des rouages abusés et stupides en poussant nos fils, nos filles dans un gouffre de bêtise et de solitude. Heureusement certains jeunes luttent inconsciemment puis consciemment et arrivent à se dégager de l'emprise sociétale, parentale carcérale. Cela dit vivre sans argent dans un monde où tout nous pousse à consommer demande une personnalité très solide. Il y aura, il y a de la casse mais à l'inverse de TK on peut penser qu'il y aura de la réussite et des parcours heureux car libérés d'une partie (est-il possible d'en être absous totalement) de cette emprise.

"Par exemple, le système a besoin de scientifiques, de mathématiciens et d'ingénieurs. Il ne peut pas fonctionner sans eux. On exerce ainsi sur les enfants une forte pression pour qu'ils excellent dans ces matières. Il n'est pas naturel qu'un adolescent passe le gros de son temps assis à un bureau, le nez dans ses bouquins. S'il est normal, il veut se confronter au monde réel. Chez les peuples primitifs, les choses qu'on enseigne aux enfants sont généralement en rapport harmonieux avec les besoins humains. Dans les tribus indiennes par exemple, les garçons étaient exercés à des poursuites en plein air – exactement le type d'activité dont les garçons raffolent. Mais dans notre société, les enfants sont forcés d'étudier les matières techniques, ce que la plupart d'entre eux font à contre cœur."

Théodore aurait pu être un chef de file de renom, un militant reconnu, au lieu de cela il a décidé de quitter son innocence, sa candeur et il s'est étouffé dans son propre fiel en devenant un meurtrier !
Oui le combat est perdu d'avance, il faut pourtant se bouger et vivre, trouver son chemin au cœur d'une société complexe qui est en train d'éroder patiemment notre temps et notre liberté.