Ayant écouté des années durant les Cafés serrés de Gunzig sur La Première, je dois avouer être parti sur ce livre avec un certain enthousiasme. J'ai de fait beaucoup apprécié le résultat, même si j'ai le sentiment qu'il se tirait un peu en longueur à certains moments.
Dans un futur proche dystopique, où plus rien n'échappe à la société de consommation, où les naissances sont contrôlées et où les enfants à naitre peuvent recevoir des upgrades basées sur des animaux et sponsorisées par des marques, Jean-Jean est agent de sécurité dans un supermarché. Alors que les cadres ourdissent un plan afin de faire virer une caissière un peu plus lente que les autres, Jean-Jean est mis à contribution, et finit par causer accidentellement la mort de la femme. Sa femme, Marianne, à l'ADN de serpent mamba vert, n'est pas très intéressée, mais il reçoit cependant la visite d'une certaine Blanche de Castille, travaillant directement pour les frères Eichmann, possédant la chaine de magasin où il travaille, qui lui explique que la dame avait quatre fils, plus loups qu'humains, qui ont probablement commis un braquage de fourgon sanglant, et que ceux-ci allaient probablement vouloir se venger. De fait, Blanc, Noir, Gris et Brun reçoivent la visite de Jacques Chirac Oussoumo, l'amant de leur mère, qui leur expose les faits. Noir, le plus fou d'entre eux, est catégorique : les quatre loups vont le chercher, le tuer et le manger. Lui et tous ses proches.
Le style cynique et référencé si typique de l'auteur saute au visage à chaque instant, et rien que pour ça, ça en fait un livre extrêmement plaisant. L'univers qu'il présente est également plutôt intéressant, et ses personnages franchement magnétiques. Pourtant, l'homme qui défia et vainquit son éditeur dans un combat d'arts martiaux afin de récupérer les droits d'un de ses livres n'a pas pour moi produit un roman irréprochable. Le livre gagnerait à être plus punchy, plus dynamique, notamment en se débarrassant de cette structure en ping-pong qui voit les chapitres alterner la focalisation sur les protagonistes. C'est une méthode que je trouve depuis longtemps vieillie et lourde, a fortiori alors que l'intrigue devient vite assez prévisible. C'est dommage, car l'écriture en elle-même est dynamique et légère.
Mis à part cela, c'est de l'anticipation subtile et puissante, un beau roman qui m'a donné envie de découvrir un peu plus la facette "auteur" au sens classique de Gunzig.