Pour ne pas changer, le dernier bouquin de Thomas Gunzig ne plonge pas le lecteur dans un optimise débordant. En effet, Manuel de survie à l’usage des incapables se rapproche furieusement d’une dystopie, en cela que son histoire prend place dans un avenir proche et cauchemardesque, à moins que ce ne soit dans un présent parallèle complètement foireux. En effet, omniprésente course au profit et manipulations génétiques délirantes sont les ingrédients principaux de ce joyeux monde imaginé par l’auteur bruxellois.
C’est là-dedans que se débat Jean-Jean, terne agent de sécurité marié à une femme reptile envers qui il éprouve plus de crainte que d’amour. Sa vie bascule le jour où le supermarché pour lequel il travaille décide de remercier une caissière âgée et sans histoire pour cause de rentabilité défaillante. Pas de chance, non seulement le licenciement se passe mal mais en plus la brave caissière s’avère être la mère de quatre enfants. Ces derniers, des jeunes loups marginaux du genre dangereux sont soudain pris du besoin irrépressible de la venger. Un responsable est tout désigné : Jean-Jean. Et toute sa famille, tant qu’à faire. Nous avons donc affaire à une galerie de personnages pour le moins intéressante plongée dans une intrigue passablement sordide.
Manuel de survie à l’usage des incapables oscille en fait entre le thriller et la grosse blague. Rien ne paraît vraiment sérieux dans ce livre. Les peurs et dérives de notre époque y sont amplifiées et déformées à l’extrême, comme dans Kuru et Mort d’un parfait bilingue, pour ne citer qu’eux. Cela le rendrait presque un peu décevant, vu que ces ficelles ressemblent finalement à celles que l’auteur a déjà utilisées dans le passé et que j’ai, au final, lu ce à quoi je m’attendais. Cela dit, c’est aussi un compliment : ça signifie que j’ai passé un bon moment malgré tout. Aucune raison, donc, de cracher dans la soupe outre mesure : s’il pouvait y avoir plus d’auteurs francophones comme Thomas Gunzig, je serais vachement content.
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