"La route, elle est faite pour bouger, pas pour mourir." Jean-Pierre Raffarin

Richard Bachman est le côté sombre de Stephen King, et il nous le prouve encore une fois avec The Long Walk, un court roman de survie dans un monde pas si différent du notre où une dictature militaire organise chaque année une "grande marche" où une centaine d'adolescents doivent marcher sans s'arrêter ou mourir, et où il ne doit en rester qu'un.


Une histoire puissante où l'on marche aux côtés de Garraty, un garçon comme tous les garçons de son âge et apprend à connaitre ses compagnons de route. McVries (mon favori, ses échanges avec Garraty sont intenses, sans doute les meilleurs moments du bouquin), Olson, Barkovitch, Stebbins et bien d'autres, chacun ayant sa personnalité, ses tics et sa façon de voir le monde. Chacun est entré dans la Grande Marche avec ses propres raisons, ou même sans raisons, juste par rebellion adolescente. Les discussions sur la vie et la mort qu'ils ont entre eux sont passionnantes et soulèvent les bonnes questions.


Plus le temps passe, plus les garçonsmeurent et plus la tension monte. Qui va mourir maintenant? Comment? Et la question la plus importante: qui va marcher jusqu'au bout et gagner le Grand Prix. Le suspense monte doucement jusqu'au dernier acte, et donne envie au lecteur de savoir, tout de suite. Un vrai page-turner comme disent les angliches.


Les rares critiques négatives qu'on puisse faire à ce roman sont en fait ses points forts. On soupçonne dès le début le nom du gagnant, mais c'est un procédé narratif très courant. Cependant, si l'on oublie pas que l'on marche avec King, tout était encore possible et ça ne m'a pas gâché la lecture une seule seconde.


Le deuxième point est la fin. Beaucoup de romans de Stephen King semblent décevoir leur lecteurs et c'est semble-t-il encore le cas ici. Moi-même je me suis quelque peu battu avec cette fin légèrement surréaliste. Mais au final, et si ça n'était pas King qui ne savait pas comment terminer ses histoires, mais nous qui ne savions pas comment interpréter ses intentions? Et ici elles peuvent être nombreuses. Est-ce la Mort elle-même qui attend Garraty à la fin de la Grande Marche, ou est-ce son père, ou encore McVries qui le soutient une nouvelle fois dans une passe difficile? Pour ma part j'ai l'impression que Garraty est bel et bien mort et qu'il marche vers l'au-delà, mais d'autres interprétations sont tout aussi tentantes.

Bing

Écrit par

Critique lue 2.1K fois

5
1

D'autres avis sur Marche ou crève

Marche ou crève
GagReathle
7

Nous voulons tous mourir

Ma culture littéraire, aussi modeste soit-elle et au regard de ce que j'aime lire, souffrait d'un grand manquement : je n'avais jusqu'alors jamais rien lu de Stephen King. Ce qui est amusant avec cet...

le 8 oct. 2014

36 j'aime

7

Marche ou crève
EIA
5

Pari réussi?

Le thème est prenant et intéressant : on suit la marche vers la mort de cent jeunes garçons qui n'ont pas le droit de s'arrêter. Un seul survivra. Je n'ai pas lâché le livre, pas tant parce que je...

Par

le 8 mai 2014

31 j'aime

8

Marche ou crève
Samu-L
9

La Longue marche

Cent jeunes hommes se sont engagés pour participer à la Longue Marche: un événement annuel dans lequel les cent participants doivent continuer à marcher jusqu’à ce qu’il n’en reste plus qu’un seul...

le 13 sept. 2023

15 j'aime

4

Du même critique

Projet Crocodiles
Bing
10

Moi, Jean-Privilège, Meninist et libre penseur

Bonjour, je m'appelle Jean-Privilège, et je vais vous expliquer pourquoi le Projet Crocodiles c'est mal. Premièrement, je suis un être humain, je ne suis pas un animal. Je trouve ça très très sexiste...

Par

le 9 févr. 2015

54 j'aime

26

American Horror Story
Bing
8

Critique de American Horror Story par Bing

(Peut contenir des spoilers selon où vous en êtes dans le visionnage de la série.) Pilote Saison 1: Une famille touchée par des problèmes déménage et s'installe dans une vieille maison pour prendre...

Par

le 22 déc. 2011

50 j'aime

8

22/11/63
Bing
10

I am the Man Without a Time Frame

Stephen King s'attaque ici au voyage temporel et se crée pour cette occasion sa propre machine à voyager dans le temps. Comme dans la plupart de ses romans, on commence par le quotidien ordinaire...

Par

le 25 déc. 2011

49 j'aime

15