100 adolescents venus des 4 coins des Etats-Unis s'engagent dans une marche dont ils savent qu'un seul d'entre eux sortira vainqueur, c'est-à-dire vivant puisque tous les traînards sont abattus sur le champs.
De cette idée de départ assez simple aurait pu naître un roman dont le seul suspense aurait consisté à savoir qui, parmi ces 100 concurrents, finirait par l'emporter.
Mais sous couvert de ce jeu de massacre orchestré chaque année par l'Etat, King traite avec élégance et subtilité de nombreux questionnements tantôt très adolescents, tantôt très universels comme l'acceptation de la violence du monde, l'assomption des conséquences de ses actes, la forge d'une identité à travers des haines et des amitiés, la quête de sens, le rapport à la mort des autres et à la sienne, le désespoir, la pauvreté, l'égoïsme, la bonté, le dépassement de soi, la morale...
La médiatisation de la marche ainsi que les scènes décrivant les nombreux spectateurs venus assister au passage - et parfois à l'exécution - des coureurs permet à King d'annoncer tout en la critiquant ce mouvement malsain de nos sociétés modernes, ce repli empathique qui pousse certains individus à se repaître de l'échec, de la souffrance d'autrui pour dépasser leur propre souffrance.
Certains iront sans doute à affirmer allègrement que c'est une critique ouverte du libéralisme économique qui pousse les plus pauvres à s'entre-déchirer les uns les autres pendant que les plus riches les occupent avec des jeux et de la violence. Le roman reste suffisamment discret pour que chacun en tire ses propres conclusions.
Le style de King : sans trop fioritures, relativement direct et focalisé sur l'action permet d'avaler les pages comme Garraty, Mc Vries, Barkovitch et les autres concurrents avalent les miles (et les balles).
Une bien belle découverte en ce qui me concerne.