Marche ou crève par zeugme
Il serait dommage de déflorer l'histoire si tant est que vous ne l'avez pas lu et que cela pourrait vous intéresser. Pour simplifier, disons qu'il s'agit d'un livre noir. Noir comme le désespoir.
Dans ce roman Stephen King semble réaliser qu'il n'est point besoin de recourir aux effets artificiels / paranormaux / over the top. La réalité est assez horrifiante comme ça et avec un concept assez simple King parvient à produire exactement cet effet tout en restant très en contrôle de son récit et très mesuré dans ses effets. La conclusion pourrait être celle de Huis clos de Sartre, à savoir que l'enfer, c'est les autres ou celle des stoïciens, que l'âme est le seul refuge fiable pour l'homme. Toutefois dans la philo de comptoir n'est pas la force de ce roman.
Ce qui fait que ce roman mérite une lecture même si l'anticipation (faible dans le roman, elle sert juste à rendre plus vraisemblable le principe central de l'histoire) n'est pas un genre qui vous rejoint, c'est que King parvient à rendre dynamique et passionnant ce qui n'est finalement que le long récit d'un marathon morbide. Avec n'importe qui de moins talentueux il faudrait couper le roman des deux tiers. Parce que King n'est pas un romancier surfait, malgré quelques temps morts il s'avère difficile de laisser l'histoire en chemin. La performance littéraire mérite le respect de mon point de vue.
Au final ce décompte impitoyable vers la mort s'assume jusqu'au bout et laisse vaguement bouche-bée. Un livre accessible mais majeur.