Martin Eden est sensé être l'autobiographie déguisée de Jack London. En effet, de nombreux points communs avec son anti-héros: il a été prolétaire avant d'embrasser la carrière d'écrivain, a habité à Oakland ,fait plein de petits boulots et a supporté des mouvements syndicalistes activement. Martin Eden demeure aussi un brûlot contre la bourgeoisie et ses codes mais aussi ce qui est définitivement la surprise du livre contre le système américain de publication des journaux et des maisons d'éditions. C'est trés courageux pour un écrivain au fait de sa gloire de cracher dans la soupe qui la nourrit mais également défait. Jack London a pris ce risque et est même allé encore plus loin: imaginer un final sidérant pour Martin Eden face à l'absurdité du système et la bêtise humaine de ses voisins, de sa proche famille.A vrai dire, même si le lecteur s'étonne d'une fin pareille, il comprend aussi la difficulté d'arriver à son objectif et de se sentir stagner et ne pas se renouveler dans l'existence.
Le personnage de Martin Eden est aussi véritablement attachant et sa plus grande qualité dans son histoire est d'avoir su être redevable à ceux qui ont lui tendu la main jusqu'au bout. Indirectement,à l'image de Brassens, Jack London a rendu hommage à ses Auvergnats, ceux qui ont été toujours là pour lui malgré les tempêtes. Ils sont aussi d'ailleurs récompensés rubis sur l'ongle par Martin/Jack qui n'a pas oublié et est resté fidèle à lui-même,cohérent.
Malgré quelques redites narratives, Martin Eden est un livre bien écrit,habité et sincère. J'estime qu'il restera aussi un monument de la littérature américaine.