Quelques affaires de justice retentissantes ont traversé l'Histoire et leurs échos donnent une juste mesure de la sensation qu'elles ont dû faire sur l'opinion publique de leurs temps. Ainsi en est-il de l'affaire "Martin Guerre" dont Alexandre Dumas se fait ici le rapporteur (il ne fut pas le seul !).
Occitanie, 1560. Est jugé à Toulouse un homme accusé d'usurpation d'identité et dont il s'agit de démêler s'il est né Arnaud du Tilh ou Martin Guerre, lesdits hommes se ressemblant d'une manière frappante, presque inconcevable, tous deux été soldats et ayant été confrontés sur le champ de bataille.
Vers 1545, Martin Guerre avait déserté son foyer, abandonnant sa femme Bertrande et leur fils, pour "voir du pays". Dix ans plus tard, Martin Guerre revient chez lui. Blessé à plusieurs reprises à la guerre et repentant, il est accueilli avec joie et indulgence par ses parents et ses amis, ainsi que par Bertrande qui avait presque oublié "les manières" de son époux et qui, de ce fait, n'a aucune raison de concevoir de soupçons quant à son identité. Pourtant, le "mari prodigue" est-il bien celui qu'il prétend être ? Ne serait-il pas plutôt un usurpateur et un faussaire ?
Je connaissais déjà cette affaire grâce à l'adaptation cinématographique de Daniel Vigne avec Nathalie Baye et Gérard Depardieu en têtes d'affiche, pourtant j'ai pris un très grand plaisir à la redécouvrir sous la plume de ce grand conteur qu'est Alexandre Dumas, grand brodeur des histoires de l'Histoire. J'ai douloureusement compati aux sentiments de Bertrande qui pendant deux ans aura vécu aux côtés d'un homme qu'elle croyait sien. Une incroyable duperie que n'auraient pas renié les plus grands tragédiens !