Tout n'est que folie, et roublardise, tout n'est que vice et jalousie, tout n'est que mépris. Et au bout de tout chemin, au bout de toute perversion, au bout de tout ce que le diable créa, et lui seul, il n'est que justice et châtiment.



Suite à l’énorme brique que fût Elantris, je me suis volontairement tourné vers quelque chose de plus petit, mais pas forcément plus léger. J'ai lu très peu de livres ayant pour toile de fond l'histoire maritime même si j'aime beaucoup ce milieu. Massacre des Innocents était donc la bonne occasion en ayant le double avantage d'une histoire maritime et de retrouver cette noirceur humaine que j'aime tant.


Massacre des Innocents retrace l'histoire véridique de cet Indianman (classe du navire), le Batavia qui en 1629 fit naufrage près des côtes australiennes perdant sa cargaison et le fruit des ventes. Les naufragés se retrouvant seuls au monde organisent la vie et tente par tous les moyens de survivre, une fois le capitaine parti chercher les secours. Pourtant, très vite, les premières dissonances commencent à arriver et la petite colonie s'en voit bouleversé. Et je pèse mes mots.


C'est assurément le livre où j'ai vu le plus de personnages irrécupérable et de situation affreuse. De telles situations font souvent ressortir ce qu'il y a de bons comme ce qu'il y a de mauvais en nous, et ici, c'est plutôt la folie qui ressort. L'auteur raconte les faits de façon très clinique et ce n'est pas forcement une mauvaise chose. L'homme est torturé, fou, perdu, alors pourquoi prendre des pincettes ? Avec ce livre, il y a comme une sorte de fascination morbide presque glauque qui fait qu'on continu à tourner les pages, car on pense que, naïvement, on ne peut pas descendre plus bas dans l'enfer - terrestre -. Il n'y a pas à tergiverser, c'est rondement mené et certains passages sont vraiment insoutenables. Je pense en autre aux chapitres sur la vie passé des personnages qui permettent de comprendre d'où vient cette haine viscérale de l'autre. Et puis, il y a le contexte. Cette Hollande en pleine conquête commerciale dans les mers étrangères qui souffre d'une vision de la religion étriquée façon inquisition XVIIe et qui instaure un climat de peur dans son propre pays. Là aussi, c'est fort et merveilleusement bien retranscrit - un peu trop parfois - qu'on en redemanderait. Seule ombre au tableau, mais qui semble logique tant l'oeuvre est riche : la description. Je me souviens d'un chapitre entièrement dévolu à une oeuvre qui décrivait chaque centimètre de la peinture. Bien, mais long.


Conclusion, un livre qui m'a donné ce que je voulais. Des personnages dangereux et fous dans l'âme, intrinsèquement liés à leur époque et un auteur qui retranscrit merveilleusement bien un drame, une tragédie même, maritime et humaine faisant preuve d'un sens de la poésie incroyable. Il faut avoir le cœur accroché plus d'une fois, mais cela vaut le coup !


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le 2 août 2018

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