Deux jeunes enfants, devenus ados, malmenés très tôt par la vie. Orphelins, ils seront envoyés dans un orphelinat, si je peux appeler cet endroit comme ça, mais plutôt une maison de redressement, où ils tenteront de survivre. Leur chemin croisera celui d’un homme, violent, accusé de meurtre, qui avait été condamné à mourir par pendaison. Pris comme otages, les caractères vont se révéler. S’adjoindra Bailey dans leur périple d’une huitaine de jours.
Retrouver un auteur que l’on adore. Qu’est-ce que cela fait du bien. Mon sentiment avait été mitigé avec Les Assassins qui était un très bon R J Ellory. Mais Mauvaise Etoile nous démontre que R J Ellory est vraiment un très grand auteur. Parmi tous ceux lus de l’auteur, il m’en reste deux encore à lire, je ne peux pas faire un classement. Je ne peux donc pas dire à quelle place je situerais Mauvaise Etoile mais cela ne sera pas en dernière position. J’ai pris beaucoup de notes pour écrire cette chronique. Mais je me rends compte que toutes ces notes, si je les retranscrivais ici ne donneraient pas tout ce que j’ai ressenti en lisant ce roman. Elles en révéleraient vraiment trop et je ne le veux pas.
Je me suis attachée aux personnages de Clarence, Bailey et le flic Cassidy. On devine, on prévoit ce qui va se passer face à la violence de plus en plus inquiétante de Digger. Mais si le lecteur le prévoit, cela tombe toujours au moment où on s’y attend le moins. R J Ellory avance dans son histoire. Elle semble peu rapide face à tous les évènements qui arrivent. Le lecteur suit le périple des uns et des autres, certains pour survivre, en essayant de rejoindre un endroit qui leur semble le mieux, tout en sachant qu’ils peuvent avoir des déceptions, un autre qui a décidé de faire le mal de plus en plus, en suivant un mauvais exemple. Le lecteur sait que Clarence mourra même si on espère le contraire et que toute l’enquête démontrera qu’il n’est en rien coupable et que l’intuition de Cassidy arrivera à faire changer les choses. Mais non, les dés sont pipés dès le départ. Le coupable est tout désigné. On veut éviter un procès, on veut éviter que l’argent des contribuables soit gaspillé.
R J Ellory a une analyse très fine des caractères de ses personnages, entre de l’obscur, des zones plus claires et l’entre deux. Même si Digger et Clarence ont été enfermés, l’un et l’autre savent, et surtout Clarence, que le point final est la mort. Clarence est conscient de sa Mauvaise Etoile qui le suit, le poursuit. Comment peut-il faire bouger les choses ? Il n’en sait rien. R J Ellory base son roman sur de nombreuses suppositions, des Si, du conditionnel. Cela peut paraître fatigant à lire mais il permet au lecteur de s’interroger ou alors de continuer son chemin au fil des pages. L’analyse est plus que fine. R J Ellory nous démontre que, même en partant de la même façon, deux enfants ont des destinées différentes. Cela est dû au caractère, très vraisemblablement. Le Mal peut se réveiller lors d’une rencontre désastreuse. Il suffit d’une étincelle, d’un moment propice. Pourquoi l’un et pas l’autre ? R J Ellory a l’art de nous détailler les relations entre les deux frères, les relations entre Digger et Earl, celle entre Earl et Clay mais aussi celle de Clarence et Bailey et ceux qu’ils rencontrent au fur et à mesure de leur périple.
Le cadre de l’histoire joue beaucoup. Nous sommes dans les années 60. La vie est dure pour les enfants orphelins, ceux qui sont placés dans des institutions. Ils sont vite catalogués. Le but de la police n’est pas d’arrêter, de prouver l’innocence de quelqu’un mais de tuer. C’est clair et net.
Merci Monsieur R J Ellory pour votre formidable talent de conteur. Il me reste votre premier roman à lire, un autre et celui qui doit paraître cette année. Vous avez toujours cette morsure dans le ton, cette ironie et ces nombreux rebondissements qui ne m’ont pas fait lâcher le roman avant la fin. Vous connaissez la nature humaine, les gens bons comme les mauvais, les retournements de situation.