Curieux livre, entre règlements de compte, biographie et mémoire... Je l'ai lu pour en savoir plus sur le couple De Beauvoir et Sartre et faut dire que tout ce que je sentais déjà chez ces deux pseudo humanistes s'est confirmé dans ce livre.
Franchement, c'est marrant de voir cette figure du féminisme avoir tous les défauts qu'on impute habituellement aux femmes : être dans le ressentiment, la jalousie, le mensonge, la ruse et j'en passe... Elle les collectionne...Et le comble, le pompon comme dirait l'autre, c'est qu'elle était soumise à Sartre.
Leur relation soi-disant "libre", qui se serait faite d'un commun accord entre les deux, c'est du vent. C'est juste Sartre qui était coureur de jupons et qui a imposé cela à De Beauvoir qui, elle, n'avait pas, pour nature, ce penchant.
Alors forcément, pour une féministe, elle avait tout intérêt à dire qu'en fait, leur relation est libre... Il n'empêche que pour ne pas subir cette situation, De Beauvoir s'est calquée sur Sartre, elle est aussi allée voir ailleurs.... Pire même, elle lui a livré des filles, de la chair fraîche, elle lui a livré cette Bianca Lamblin... Et oui, quand une femme se dit libre mais qu'elle se rend compte que son mari l'est tout autant, voir plus, et qu'il lui impose son mode de vie, l’orgueil est blessé car on dépend de la façon dont l'autre vit... Comment soigner cette blessure ? Mais en prenant le contrôle sur le libertinage de Sartre ! En lui livrant des jeunes filles pour se dire " si je n'ai eu aucun contrôle sur la décision de Sartre à aller voir ailleurs, je peux au moins participer à ce libertinage" . Comme disait Clemenceau : "quand les événements nous échappent, feignons d'en être les organisateurs". Elle ne fait donc que confirmer ce que disait Weininger sur la femme : que la femme puisait son existence dans celle de l'homme.
Donc, on a cette De Beauvoir qui réagit typiquement comme une femme et qui vient te dire dans son Deuxième Sexe que si la femme est telle que l'homme la décrit, c'est parce qu'elle ne s'est pas émancipée économiquement et socialement, qu'elle a été soumise aux dictâtes machistes de la société... Mais elle a travaillé, a fait des études, fut agrégée de philo, a écrit des livres, a avoué elle même qu'elle n'avait jamais subis de sexisme en particulier... Et c'est typiquement une femme. Voilà qui est ironique.
Donc toute cette frustration, tout ce ressentiment qu'elle a du accumuler, elle ne l'a pas déversé sur Sartre, non, ce serait avouer sa dépendance par rapport à lui; elle l'a déversé sur cette Bianca. De là s'est installé une relation complexe, entre haine et amour, car si l'auteur a eu l'impression que De Beauvoir s'est foutu de sa gueule durant des années et qu'elle feignait son amitié envers elle lorsqu'elles se voyaient, je pense qu'en fait, elle ne feignait rien du tout, qu'elle éprouvait réellement de l'amitié envers elle mais aussi de la culpabilité qu'elle ne pouvait pas avouer par orgueil, ce qui s'est traduit dans les lettres qu'elle adressait à Sartre par du ressentiment à l'égard de son ami.
En tout cas, c'est très amusant de voir ces nouveaux bourgeois plein de contradictions et être totalement à côté de la plaque (Sartre pensait qu'il n'y aurait jamais de guerre avec les Allemands, a fait l'éloge du communisme de l'URSS en disant qu'il y avait une vraie liberté d'expression là bas). Ce Sartre qui te fait la morale, qui se prend pour Dieu sur Terre prêt à condamner les méchants facho, qui déverse une idéologie pseudo humaniste, est d'un pathétique sans borne. Parce que bon, cette Bianca, avec qui il avait une relation, était juive et elle s'est faite lâché comme une merde par le couple pendant la guerre. Même elle le dit, ils ne voyaient que leur ambition personnelle.
En fait Sartre, c'est BHL mais avec du talent : un être narcissique et moralisateur et qui pue la lâcheté.