Ce n'est pas tellement le sujet traité que la façon dont il est mis en scène qui fait de cette nouvelle un des très bons livres de Gabriel Garcia Marquez. Une jolie ode à la vieillesse, car le protagoniste n'a pas honte de le dire: il est vieux, mais se sent plus jeune que "ces petits gamins de quatre-vingt ans". Au début, on pourrait penser que ce vieillard un peu pervers va nous servir ses histoires de fesses avec une "jeune vierge" mais on est étonné par la suite de constater qu'il nous relate là son premier amour, à quatre-vingt-dix ans donc, et avec une fille de quinze ans.
Le livre s'articule autour de son quotidien de chroniqueur plus ou moins retraité, la vie rythmée par les (chastes) nuits passées avec Delgadina, qui est devenue sa muse, les aléas de sa vie personnelle, son rapport au journalisme, mais surtout sa façon d'aborder la vieillesse, c'est le thème central de cette nouvelle.
L'écriture est fluide, comme dans tous les romans de Gabriel Garcia Marquez, et celui-ci arrive tout de même à rendre ce personnage tout d'abord intriguant assez attachant. Il nous fait remettre en question nos présupposés sur la vieillesse, tout en nous faisant poser la question: Comment un homme qui a passé sa vie à numéroter ses conquêtes peut-il tomber amoureux à quatre-vingt-dix ans d'une jeune couturière de 15 ans, qui plus est vierge?
Mais l'histoire est bien ficellé et on trouve, avec le récit fragmenté de sa vie passée, une réponse, au moins partielle, à cette question.
Petit bémol cependant: la redondance des thèmes abordés dans les livres de G.G.M. Ainsi, quand je me suis plongé dans cette nouvelle j'ai tout de suite pensé à Florentino de L'amour au temps du Choléra: la passion amoureuse à un âge avancé, le classement systématique des conquêtes avec qui le protagoniste couche... A première vue, peu de choses les sépare, si ce n'est l'âge auquel ils ont connu l'amour. Mais ensuite on se rend compte que le personnage principal est plus complexe que ça...